Le Moulin à Poudre (1775) de Pamplemousses souillé

Livré à son sort et pillé par des voleurs de pierre taillée, le site fait désormais l’objet de dépôts sauvages de la part de l’hôpital SSR

C’est une affaire qui met le feu aux poudres et indigne les amoureux du patrimoine. En sus d’être dans un état de délabrement et pillé par des voleurs de pierre taillée, les vestiges du Moulin à Poudre (1775) à Pamplemousses font l’objet de dépôts sauvages de grande envergure de la part de l’hôpital SSR.  Pour saisir l’ampleur de cette anarchie, il n’y a qu’à jeter un coup d’œil sur la montagne de déchets jonchant les quatre coins du site où des odeurs pestilentielles flottent dans l’air. Déchets médicaux, matelas, lits vétustes et détritus en plastique souillent ce trésor patrimonial inestimable qui se dégrade, pierre après pierre.

Les 250 ans d’histoire que renferment ses murs ne suffisent  pas à en assurer sa pérennité. Un laisser-aller qui reflète le marasme dans lequel se trouve notre patrimoine immobilier et sur lequel Week-End ne cessera point de gloser. La poudre à canon était fabriquée au XVIIIe siècle dans les établissements gouvernementaux français, le plus connu étant à l’Essone. La Manufacture Royale des Poudres de Guerre à Balaclava – et, plus tard, à Pamplemousses (sur l’ancien site des Forges de Mon Désir) – était la seule usine de poudre à canon pendant la période coloniale française. La poudre à canon était utilisée par l’armée française dans le cadre du commerce des esclaves et pour les batailles contre les Anglais, notamment.

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Après 1810 (période coloniale anglaise), les Britanniques ont cessé la production de poudre à canon et les bâtiments ont été adaptés et réutilisés pour d’autres fonctions. En 1849, une muraille d’enceinte carrée est délimitée pour créer une prison. Les plans de la prison faits en 1874 par Département de Relevé de Maurice démontrent uniquement les infrastructures de la prison. De nombreux changements prennent place au sud de la prison, notamment près de la tour avec l’orphelinat, ou dit ‘asile d’orphelins’.

Ce joyau architectural a été délaissé pendant plusieurs années, avant qu’il n’accueille un centre de dialyses de l’hôpital SSR… avant d’être de nouveau abonné au milieu des années 2010. D’où la présence d’équipements médicaux sur place. Mais comme si ça ne suffisait pas, ledit hôpital s’est arrogé le droit d’y décharger, à sa guise, des bennes remplies de déchets médicaux, lits et matelas, etc. Quand on parcourt les 22 ha du terrain bordé d’arbres et de verdure, on se rend compte que le paysage est magnifique dans l’ensemble. Sauf qu’on reste bouche bée devant ces amas de déchets et le triste spectacle des pierres taillées qui se réduisent comme peau de chagrin. L’œuvre des esclaves qui ont aussi donné leur sueur dans la production de la poudre.

Sous le poids de ses 250 ans, l’emplacement montre des signes de détérioration avancée sans qu’aucun ministre ou député ne s’en émeuve et ne monte au créneau pour réclamer un plan de réhabilitation dans les plus brefs délais. Arrmaan Shamachurn, président de l’ONG SOS Patrimoine en Péril, soutient que “the ownership of the building is vested in the Ministry of Health. I will alert the National Heritage Fund again. But I encourage the public to also express their concern via official email or letters.”

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