Absence cruelle de responsabilité

Au hasard des événements survenus au cours de la semaine écoulée. D’abord, le Mauritius Examinations Syndicate (MES), qui décide vraiment à la toute dernière minute de revoir le time-table des épreuves du National Certificate of Education (NCE) de cette année. Puis un jeune de 19 ans qui vient d’obtenir son permis de conduire, et qui percute mortellement un policier dépêché à Beaux-Songes pour assurer le maintien du law and order sur nos routes le jour de la fête de Ganesh Chaturthi.

- Publicité -

Puis le soir, quelques kilomètres plus loin, un jeune de 15 ans retrouvé sans vie sur l’asphalte avec, à côté de lui, une motocyclette non enregistrée auprès de la National Land Transport Authority. Finalement, la parlementaire du MMM Joanna Bérenger, qui a osé porter sur la place publique des dessous du scandale de l’octroi par le CEB à la société Corexsolar du contrat de ferme solaire, se retrouvant avec deux dépositions à charge sur les bras.

À première vue, aucun dénominateur commun entre ces divers faits. Mais nullement faits divers. Sauf que dans chacun, l’absence cruelle de responsabilité devant être exercée à différents niveaux a débouché sur des conséquences gravissimes. Mais pire dans le dernier cas, car ceux qui osent assumer cette même responsabilité se retrouvent en face d’intimidation de l’appareil d’État.

Dans le cas des examens du NCE, dont la tenue est ramenée de quelques jours en avance sur le calendrier initial, le poids pèse sur les quelque 15 000 élèves inscrits à ce contrôle académique critique. Au mieux, ces examens détermineront l’admission des plus brillants dans des académies. Au pire, ils décideront qui, de ces jeunes, sera laissé en bordure de l’autoroute de l’éducation.

Ce changement, qui n’est annoncé que par le truchement d’un succinct communiqué sans aucune explication, génère un stress sur l’individu, d’autant s’il est encore jeune et qu’il n’a pas encore la parfaite maîtrise des choses de la vie. N’était-il pas la responsabilité des Top Guns de l’Éducation de vérifier et contre-vérifier au préalable le calendrier de ces examens pour éviter des changements intempestifs de dernière minute.

Mais au ministère de l’Education, ils ont toujours eu dix sur dix. Et ce n’est pas la vice-Première ministre et ministre de tutelle qui viendra affirmer le contraire. Devra-t-on s’étonner demain de voir cette jeunesse afficher la même nonchalance ou faire preuve d’absence de redevabilité au quotidien ? Ils vous diront qu’ils n’ont fait que suivre l’exemple des aînés à l’école. Pas n’importe où ?

Dans les cas des accidents de la route avec des victimes, la responsabilité de l’entourage familial est engagée. Surtout que ce sont des jeunes, probablement majeurs et vaccinés, mais encore sous tutelle des aînés. Dans le cas de ce jeune qui venait de décrocher son permis de conduire, un simple conseil de prudence au volant d’un véhicule n’aurait été nullement de trop.

Cette absence de responsabilité familiale pèse doublement lourd. Une famille, dont deux enfants, a eu la douleur de perdre un être qui lui est cher. Et aussi un jeune devant répondre d’un homicide, aussi involontaire soit-il… Pour le jeune motocycliste tué sur la route à Albion, le degré de contrôle parental suscite des interrogations à plusieurs niveaux. Hélas, le mal est déjà fait !

Dans l’affaire du contrat de Rs 5 milliards, en dépit des justifications du ministre Lesjongard en faveur du Central Electricity Board (CEB), la séquence des événements dans les procédures indique que dès le départ, le jeu était faussé. Si au sein du CEB les concernés avaient assumé leurs responsabilités en vérifiant que les critères de qualification pour participer à l’exercice d’appel d’offres étaient respectés, le CEB aurait fait l’économie d’un autre scandale.

Dès le départ, le sens de responsabilité aurait dû ouvrir les yeux de plus d’un au CEB qu’il y a anguille sous roche. Pour des contrats d’importance stratégique avec un price tag de Rs 5 milliards, le devoir de due diligence à toute épreuve et en bonne et due forme s’impose. Il aurait confirmé que le deal foncier, présenté dans la cotation par le soumissionnaire Lowest Bidder, était cousu de fil blanc. Mais cette confirmation n’interviendra qu’a posteriori, Terra niant royalement tout accord de location de terrain avec Corexsolar pour ce projet de Renewable Energy Hybrid Facilities.

Cette démission devant des responsabilités élémentaires engendrera une série de coustics d’ordre légal pour garder Corexsolar dans le coup. Même au mépris de la bonne gouvernance en matière de gestion de fonds publics. Mais dans la conjoncture, ne devra-t-on pas dire « Don’t Shoot the Piano Player » et que le devoir de tout redresseur de tort doit être de situer cette absence cruelle de responsabilités là où il faut…

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour