Actifs virtuels — Benito Elisa (Wakanda 4.0) : « Très optimiste pour l’avenir du secteur crypto »

Roupie digitale – « Si la Banque Centrale donne la garantie que nos données resteront confidentielles, il faudra savoir comment cela va se faire et quels seront les garde-fous mis en place… »

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L’organisateur du 3e Cryptoverse Summit, Benito Elisa, CEO de Wakanda 4.0, fait le point sur cet événement qui prend de l’ampleur au fil des ans, notamment avec l’adoption de la VAITOS Act, qui fait que de plus en plus d’opérateurs étrangers engagés dans les actifs virtuels, commencent à s’intéresser à prendre des licences à Maurice. Concernant les entreprises mauriciennes, il explique que certaines s’intéressent déjà aux actifs virtuels et que d’autres non, peut-être par manque d’information.

Benito Elisa espère que celles-ci vont s’orienter vers les nouvelles technologies rapidement, afin de pouvoir « concurrencer au niveau mondial », augmenter la vitesse d’exécution des transactions et diminuer leurs coûts de production.

 « Possibilité de gagner gros comme de perdre gros, due à la grande volatilité des actifs numériques »

« Les risques de se faire hacker sont là, mais il faut être vigilant »

À quelques semaines du 3e Cryptoverse Summit, à quoi pouvons-nous nous attendre lors de ce sommet et comment a-t-il évolué au fil des trois dernières années ?

 

Le Cryptoverse Summit est devenu une référence dans l’industrie des actifs numériques à Maurice. Oui, effectivement, nous en sommes à notre troisième édition cette année et le nombre de participants et de Sponsors continue d’augmenter. Je remercie tout le monde pour le soutien et la confiance en Wakanda 4.0  pour organiser cette conférence.

Nous sommes en ligne avec la stratégie du gouvernement de faire de Maurice un Fintech Hub. Et avec la promulgation de la VAITOS Act 2021, beaucoup d’opérateurs crypto au niveau international sont intéressés à prendre des licences à Maurice. L’industrie est en train de croître graduellement, des emplois sont créés et je suis très optimiste sur l’avenir de ce secteur.

Les opérateurs au niveau international commencent à s’intéresser à notre conférence pour avoir plus de visibilité dans la région et à travers notre réseau qui s’étend en Afrique, dans l’océan Indien, le Moyen-Orient et l’Asie. Cette année PwC, PwC Legal (Mauritius) etWarwyck Group sont nos sponsors. Il y a aussi une banque française, Delubac & Cie, et une société de conformité, RegSharp de Paris qui seront de la partie et un grand merci à ACCA Mauritius pour nous avoir accompagné pendant ces deux dernières années en tant que partenaire stratégique.

 

À quels profils de participants pouvons-nous nous attendre à ce sommet ?

Il y aura des comptables, gestionnaires de conformité, banquiers, investisseurs, CEO, managers, des hommes de loi, développeurs, des passionnés et experts de la crypto, les représentants des régulateurs, des sociétés d’investissement, des gestionnaires des fonds, parmi tant d’autres.

 

Y a-t-il des changements cette année sur les thèmes qui seront abordés ?

Définitivement, il y a eu beaucoup d’innovation et d’évolution dans l’industrie de la crypto. Par exemple, nous aborderons l’impact des Bitcoin ETFs qui viennent de recevoir leur licence spécifique pour opérer et nous voyons tous la montée fulgurante du prix du Bitcoin qui a atteint un nouveau record de USD 69 000 récemment.

Aussi, nous aborderons aussi les cadres légaux qui réglementent les opérateurs de la crypto. Des conseils légaux Fintech et des experts en conformité de Maurice et de France seront présents pour discuter de ce sujet. Les autres thèmes de discussion seront la tokenisation des actifs du monde réel, la comptabilité des actifs numériques  et un nouveau thème qui concerne directement les banques et les institutions financières : Crypto Compliance for Banks & Financial Institutions.

 

Les cryptomonnaies et les différentes options en termes de classes d’actifs disponibles sur la blockchain font partie des investissements alternatifs. Quelles sont les perspectives pour cette industrie dans les prochaines années en termes de retour sur investissement ?

 

Au début, les investisseurs étaient très réticents à investir dans les actifs numériques. Mais durant ces dernières années, nous avons témoigné de beaucoup d’institutions financières, de fonds d’investissement et de banques, offrant des services pour investir dans la crypto.

La société d’investissement BlackRock a soumis une application pour créer un Bitcoin ETF et qui a été approuvé par la SEC des Etats-Unis récemment. Nous avons aussi constaté que d’autres institutions financières et d’investissement ont emboîté le pas à BlackRock.

Au niveau des investisseurs individuels, la curiosité monte crescendo. La capitalisation du marché crypto a atteint USD 2.45T et je pense que cela va continuer à grimper dans les semaines et mois à venir. En termes de retour sur investissement, il y a la possibilité de gagner gros comme de perdre gros aussi en raison de la très grande volatilité des actifs numériques. Il y a différentes stratégies d’investissement que les traders et les gestionnaires des fonds utilisent.

 

Les entreprises mauriciennes sont-elles prêtes à investir dans la blockchain et les nouvelles technologies pour assurer la croissance de leur business ou y a-t-il une certaine frilosité à embrasser pleinement ces nouvelles technologies ?

 

L’intérêt est là mais cela prend du temps pour comprendre les différentes nouvelles technologies, leur valeur ajoutée et il faut avoir les bons partenaires pour avancer vite. Certaines entreprises sont très avancées dans leurs recherches et d’autres ne sont pas intéressées pour le moment, peut-être par manque d’information, mais j’espère sincèrement que les Decision Makers des entreprises mauriciennes vont s’orienter au plus vite vers les nouvelles technologies.

Le gouvernement, à travers le ministère des TIC, a un rôle prépondérant à jouer dans l’adoption des nouvelles technologies à Maurice. La création du Mauritius Emerging Technologies Council est un pas dans la bonne direction, mais on verra l’efficacité de cet organisme à aider dans l’adoption des nouvelles technologies dans les années à venir.

Sincèrement, je souhaite que les entreprises mauriciennes adoptent ces technologies au plus vite pour pouvoir concurrencer au niveau mondial, augmenter la vitesse d’exécution des transactions et diminuer leurs coûts de production.

 

Certainement, mais les cryptos sont aussi la cible de hackers et de fraudeurs. La législation à Maurice est-elle suffisamment forte pour imposer des garde-fous ?

 

C’est vrai que les cryptos sont aussi la cible de hackers et de fraudeurs, mais il faut que les détenteurs de cryptos prennent leur responsabilité pour protéger les accès à leurs cryptomonnaies. La plupart des opérateurs cryptos partagent des Guidelines avec leur clientèle.

Il y a aussi des institutions ou des individus qui préfèrent garder leur cryptos avec des Custodians régulés ou utilisent des  Cold Wallets – c’est-à-dire des wallets qui sont offline. Les risques de se faire hacker sont là, mais il faut faire preuve de vigilance. Pour éviter les fraudes, il faut au moins commencer par comprendre ce que sont les actifs numériques, comment cela marche et il faut toujours traiter avec des opérateurs qui sont agréés par les régulateurs.

 

Justement, le secteur crypto est encore méconnu d’une bonne partie des Mauriciens. Quelles initiatives peuvent être prises pour familiariser et éduquer la population sur ce secteur d’avenir ?

 

Il y a beaucoup d’informations qui sont disponibles en ligne pour ceux qui s’intéressent à la crypto et il y a des formations payantes à Maurice. Il faut s’adresser aux experts dans le domaine et faire gaffe aux pseudo-experts ! Par ailleurs, une campagne d’éducation du ministère des Services financiers et de la Bonne gouvernance au niveau public serait la bienvenue.

 

Depuis un moment, il est question de la création du CBDC (Central Nank Digital Currency). À quoi va servir la roupie digitale et sera-t-elle réellement un avantage pour la population ?

 

La création de la roupie digitale a été annoncée par la Banque de Maurice et d’après son dernier communiqué, le projet pilote est en cours. Il y a des avantages et des désavantages d’utiliser une CBDC, mais à ce stade, c’est préférable d’attendre d’avoir davantage d’informations sur la roupie digitale pour faire de plus amples commentaires.

D’ores et déjà, nous voyons que la confidentialité des transactions de la population en général pose déjà problème dans plusieurs pays. Aux USA, trois états ont déjà dit non à l’introduction d’une CBDC et Donald Trump a annoncé qu’il n’y aura pas de CBDC s’il est réélu président des États-Unis.

Si la Banque Centrale nous donne la garantie que nos données resteront confidentielles, il faudra savoir comment cela va se faire et quels seront les garde-fous mis en place.

 

 

 

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