DÉMOGRAPHIE : L’Inde double la Chine mais qu’en est-il sur le plan économique ?

Sur le plan de la démographie au niveau global, à la fin du mois d’avril dernier, c’est-à-dire, avec deux mois d’avance sur les prévisions de l’ONU, l’Inde, avec une population de 1,43 milliard d’habitants, a surpassé la Chine en tant que pays le plus peuplé au monde – un événement de taille représentant une première depuis que l’Organisation a commencé à enregistrer de telles données en 1950. En effet, si depuis des décennies, la population de l’Inde a augmenté plus rapidement que celle de la Chine, c’est principalement à cause de l’introduction par Pékin dans les années 80 de la politique de l’enfant unique pour justement ralentir la croissance démographique.  Cependant, supprimée en 2015, cette politique a simultanément suscité le vieillissement de la population par la baisse du taux de natalité, ce qui fait craindre des conséquences économiques majeures lorsque la main-d’œuvre chinoise cessera d’augmenter, voire diminuera. Selon les statistiques de l’ONU, plus de 25% de la population indienne est aujourd’hui âgée de 0 à 14 ans contre seulement 17% en Chine. Et la question que l’on se pose : L’Inde, la plus grande démocratie au monde, pourrait-elle profiter de cette nouvelle donne démographique pour stimuler son développement économique et détrôner la Chine en tant que l’usine du monde ? Rien n’est moins sûr.

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Certes, si la démocratie qualifiée d’ailleurs par Winston Churchill de « worst form of government » assure, entre autres, la libre entreprise où la loi de la concurrence favorise la compétitivité et la productivité, l’abus de ce principe de gouvernance, toutefois, tend toujours à produire des effets contraires, tant au niveau économique que social. C’est effectivement dans ce contexte que la conception selon laquelle la démocratie freine le progrès dans des pays pauvres et en développement a pris du galon ces dernières décennies. Et à la base du soutien à cette hypothèse se trouvent forcément les exemples chinois et singapouriens, entre autres. Car, dans de nombreux autres pays, la lutte incessante pour scorer à tout prix des points politiques en vue d’accéder au pouvoir ou le chantage exercé par l’un des partis au sein d’une alliance dirigeante concoctée dans l’unique objectif d’accaparer le pouvoir, prenant ainsi à contrepied les vœux de l’électorat et parfois même au détriment de l’intérêt national, ne fait que ralentir le progrès socio-économique.

  D’autre part, un programme de développement d’infrastructure dans une démocratie pour l’amélioration de la qualité de vie de la population fait souvent l’objet de résistance de la part des ONG ou partis adverses. Alors que des cas logés devant la justice pour contrer un projet quelconque prennent des années pour être résolus et retardent considérablement le développement, dans d’autres États comme la Chine ou le Singapour, les réformes essentielles passent pratiquement comme une lettre à la poste. Un projet pour la construction des routes, ponts, d’un stade ou d’une station de métro est promptement réalisé en l’absence d’opposition malveillante rien que pour entraver le progrès.

Certes, le manque de contrôle ou d’un système de checks and balances adéquat pourrait toujours représenter un terrain fertile pour la prolifération de la fraude et la corruption mais dans ces deux pays, l’on ne s’aventure pas en politique pour gérer les affaires de l’État si, comme avait jadis affirmé SSR, le père de la nation mauricienne, « l’on n’a pas dans son cœur la flamme patriotique et populaire ». Ce qui n’est pas toujours le cas dans d’autres pays, y compris le nôtre, où c’est l’intérêt de l’argent qui constitue, d’abord et surtout, la force motrice de toute activité humaine, y compris la politique. Par conséquent, c’est dans ces pays que la fraude, la corruption et autres malversations financières se sont érigées en « institution », représentant la véritable Hydre de Lerne, le serpent à sept têtes qui repoussent aussitôt coupées. Et une des causes principales de cet état des choses demeure, sans nul doute, le financement obscur des campagnes électorales et l’absence de volonté de la part des gouvernants de légiférer afin d’y mettre bon ordre constitue, en elle-même, une source majeure de corruption. Et nul besoin de préciser que ces fléaux, de par les ressources qu’ils engloutissent, représentent un obstacle majeur à l’avancement et au progrès.

Idem pour la criminalité sous toutes ses formes – la délinquance, la violence, le grand comme le petit banditisme, la drogue, etc – dont les taux sont normalement plus élevés dans les États prônant la liberté à outrance. D’ailleurs, il est plus qu’évident que, comme le disait souvent le père de la nation singapourienne, Lee Kwan Yew, sans la paix, la sécurité et la stabilité, il ne peut y avoir de développement sain, durable et au profit de toute la population. Et une des causes de l’instabilité sociale est, bien évidemment, le chômage, la pauvreté, les inégalités et l’exclusion – fléaux sociaux que la concentration à l’excès de la richesse tend toujours à exacerber. Et lorsque l’institution responsable d’assurer le maintien de Law and Order est, elle-même, gangrenée par la léthargie et le manque de motivation, comme c’est le cas dans de nombreux pays, le processus de développement est alors sérieusement battu en brèche.

Bref, la clé de la réussite demeure la volonté, la rigueur et la discipline et non pas des concepts théoriques balancés à tout bout de champ et qui ne font que freiner le progrès et le développement.

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