Jusqu’au bout de la liberté !

La crise constitutionnelle entre le commissaire de police, Anil Kumar Dip, et le DPP, Me Rashid Ahmine, a pris une nouvelle tournure en cette fin de semaine. Ce mano a mano, par King’s Counsel’s interposés, n’augure rien de positif pour la santé morale et politique du pays. Ces deux entités sont toutes deux très importantes. Et les citoyens moyens autant que les membres de l’intelligentsia du pays s’accordent sur le fait que si Pravind Jugnauth était intervenu en amont de cette escalade auprès de son CP, les choses ne se seraient pas envenimées. Et l’on ne peut, dans cette conjoncture très spécifique, reprocher à Me Rashid Ahmine sa persévérance et la détermination de ses proches collaborateurs d’aller jusqu’au bout de cette confrontation par respect de la liberté !

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Le Mauricien lambda suit avec beaucoup de circonspection et de craintes cette joute inédite dans le pays, où un CP s’échine, avec autant d’ardeur et d’acharnement, à vouloir nuire à un DPP qui, a priori, n’a pas de squelette dans son placard. Tandis que lui, en revanche, en trimballe, des casseroles ! Et pas des moindres. Toute cette affaire suscite pleinement son lot de commentaires et de spéculations. Il va sans dire évidemment que cette crise ne manquera pas de causer du tort à plusieurs niveaux !

Doit-on rappeler que nous évoluons déjà depuis plusieurs mois dans un contexte compliqué, où la plupart de nos institutions nationales sont pointées du doigt pour ce qui est de la transparence, la redevabilité envers le public, le respect de la méritocratie et la prévalence de la justice ? Cette crise constitutionnelle, outre d’être un gaspillage d’argent public, est tout aussi bien du temps et de l’énergie gâchés, pendant que ce pays fait face à des soucis et des enjeux bien plus importants !

La musical chair orchestrée la semaine dernière à la State House n’a évidemment pas fini de faire couler d’encre. Nombre de Mauriciens n’ont pas hésité à faire écho, tout haut sur des ondes radiophoniques et les réseaux sociaux, de ce qu’ils en pensaient ! L’une des réactions est que celui qui cumulait jusque-là les portefeuilles de la Justice et de l’Agro-industrie s’est vu « offrir une sacrée promotion en troquant l’Agriculture contre les Affaires étrangères » ! Sans commentaire.

En pleine saga de la fameuse Stag Party, avec la démission comme PPS de Rajanah Dhaliah, nombreux s’attendaient à ce que Pravind Jugnauth demande également à son Attorney General, tout aussi fortement cité dans cette affaire, de “step down”. Et ce, toujours dans un souci de transparence et de redevabilité envers l’électorat. Que nenni ! Et ce n’est pas la première fois non plus d’ailleurs qu’un tel scénario se produit… Sous ce présent régime, codes d’honneur, protocoles et décorums ont été redéfinis pour satisfaire les souhaits des princes du jour !

Sur ce plan, le leader du ML, Ivan Collendavelloo, peut aisément en témoigner, n’est-ce pas ? Lui qui s’est vu retirer son siège de VPM et de ministre de l’Énergie et des Services publics. Pourtant, lui aussi avait signifié son refus de démissionner. Mais il a finalement été révoqué par le même chef du gouvernement qui, dans d’autres cas – notamment Sawminaden et Gobin – a pris une autre option. Politique de deux poids, deux mesures ? Collendavelloo s’en défend fermement à chaque fois que la question lui est posée publiquement. Mais sait-on s’il ne s’en mord pas les doigts, en privé ?

La recherche et le triomphe de la vérité seront, souhaitons-le, un des principaux chevaux de bataille tant du bloc de l’opposition parlementaire PTr-MMM-PMSD que des fronts extraparlementaires qui se sont constitués. Ces dernières années ont été caractérisées par un florilège de scandales. Les deux gouvernements présidés par le MSM et ses alliés se retrouvent avec, pêle-mêle, le crime travesti en suicide du chef agent orange du No 8 Soopramanien Kistnen, les contrats d’urgence passés pendant les deux confinements aux profits des petits copains et copines, la Molnupiravir Saga, en passant par les négligences médicales ayant coûté la vie aux patients dialysés, les morts du remorqueur Sir Gaëtan, les pertes d’emplois causés par la mauvaise gestion de l’échouage du MV Wakashio… pour ne citer que ces affaires les plus connues…
Notre pays a toujours respiré la vérité et cultivé transparence et méritocratie. Ses habitants ne méritent-ils pas au moins cela ?

Husna Ramjanally

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