Ki Bon Son : Yohan, Valo, Born to be Music, Bicka et Tadebois

Le-Mauricien met en lumière une sélection de tubes et EP diffusés sur la toile en décembre et janvier.

De l’Angleterre, de la France, ou tout simplement depuis l’île même, les styles variés proposés annoncent une année de créations insolites. Confirmant dès lors que les musiques du monde s’entrechoquent et se mêlent pour un rendu de plus en plus compliqué à mettre en mots. Qu’importe, le résultat rappelle que Maurice compte des chanteurs et musiciens largement capables de briller à l’international.

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Touzour La



En ce début d’année, Born To Be Music présente à nouveau un sublime titre, qui a le mérite de rappeler leurs qualités musicales et lyriques. S’accompagnant d’un émouvant clip, Touzour La accueille les voix du duo Christelle Zamir et Fabien Thomas, trompettiste hors pair, qui met de l’avant ces derniers temps ses talents de chanteur.

Le single se veut un hommage à ces êtres chers qui, malgré leur absence, se révèlent constamment aux côtés de ceux pour qui ils ont compté. Comme une empreinte indélébile dans le temps. Un rappel que l’amour porté avec sincérité, malgré les affres pouvant faire croire à son amenuisement, fleurit dans le cœur de ces âmes sensibles qui souhaitent le recevoir.

La composition musicale, signée Matthieu Sournois et Fabien Thomas, accueille également Géraldo Pierre, Yony Lagrandeur, Pascal Ramchurn et Hans Sournois. L’éditeur est nul autre que Richard Hein, de Capricorn Studio. Touzour La, une œuvre qui mérite une reconnaissance prononcée.

23:59

C’est incontestablement L’ENORME surprise de ce début d’année. Depuis la France, où il vit depuis quelques années, le discret Gregory Tadebois sort son premier EP. Du rap brodé sur des teintes Dark et mélancoliques du trip-hop. Une suite de vers tissés en français, qui s’entrelacent dans des jeux de mots réfléchis.

L’ancien élève du collège du Saint-Esprit, dont les talents en musique sont reconnus, s’insère dès lors dans le Game à travers quatre titres déclamés sur des accords nonchalants, mais si envoûtants.

L’EP se laisse écouter et réécouter, évoquant l’amour jeune, les séparations, les coups de blues et des incertitudes. Des thématiques qui, le devine-t-on, placent leur auteur à cœur ouvert face à un monde en éternel attente d’un lendemain d’inconnus. Bloqué à une minute de minuit et des doutes de l’avenir. Relevons l’enivrant titre Officiel et son beat obscure. Du rap lourd et sans fioritures, à quelques encablures de l’international.

Mâle Honnête

Le jeune Yohan André signe son premier EP en partenariat avec DJ Wayn (Wayn Favory). Regroupés au sein de Lyon Squad, les deux compères emboîtent le pas au manager du label, Donovan Bottesoie. Ce dernier a, l’année dernière, lancé son album Vann Lavenir, le premier qui découle de la génération Newschool 2.0. Avec Mâle Honnête, diffusé sur les plateformes numériques il y a un mois, Yohan André et Dj Wayn affirment évoluer dans la bonne direction.

Même si quelques bribes rappellent d’autres musiques, l’ensemble abandonne désormais les pâles Cover qui génèrent multitudes de critiques. Preuve que l’originalité, ardemment défendue par les artistes mauriciens, primera toujours. Cette génération, popularisée durant leur adolescence grâce aux réseaux sociaux, grandit. Elle apprend des expériences et acerbes remontrances dont elle peut être victime. Toutefois, le soutien populaire donne raison d’être à cette musique, qui raconte – à travers un parler jeune – les déboires auxquels sont soumis les jeunes. Mâle Honnête zouk et se déhanche sur des notes estivales. Idéal pour les festivités.

Les thématiques abordées, cependant, peinent à s’éloigner des sentiers de l’amour et des relations. Alors que ces jeunes ont énormément de choses à dire. Billygane (Ludovic Louis) l’a d’ailleurs démontré l’année dernière avec le véridique Retourn Mwa Sa Lepok La.
Souhaitons par conséquent que d’autres jeunes, dont ceux de Lyon Squad, puissent davantage évoquer leurs aspirations et craintes au monde. D’autant qu’ils sont le porte-voix des générations d’après, qu’ils le veuillent ou non.

Nou Flambo

Valo embarque La Nikita dans ce genre qu’il défend contre vents et marées : le séga. Nou Flambo, mis en ligne il y a trois semaines, ramène à cette époque où « sega ti pe zwe dan montagn » alors qu’aujourd’hui « sega zwe dan salon ».

Malgré le modernisme apporté au 6/8, le sentiment dégagé demeure le même. Et Valo rappelle que l’évolution ne nécessite pas de révolutionner les enseignements anciens. Nou Flambo s’inscrit dans la lignée des ségas du début des années 2000, ceux qui exultent de « tam-tam sega », grâce à la ravanne et au triangle notamment. Un titre ambiançant qui mouillera certainement beaucoup de chemises lors des fêtes.

En parlant de La Nikita, à ne pas rater l’excellent Mo Proteze. Composé sur de douces notes ternaires aux côtés de Matthieu Sournois, le titre est une ode à l’amour. Le vrai, le pur. Qui brave « marenwar » main dans la main pour nourrir espoir et sécurité. La composition musicale élégante et cette voix… si juste, tellement fragile. Mo Proteze est un splendide poème déclamé à cœur ouvert sur les berges désertes d’une rivière, entre deux âmes inséparables.

We Are All Beautiful

De l’énergique époque de Flashback aux rythmes soul qu’il épouse désormais; un océan sépare l’univers ancien de Manraj Bicka et celui vers lequel il se tourne ces jours.
C’est en Angleterre que le Mauricien expérimente de nouveaux styles, dont une première salve a été révélée avec We Are Beautiful.

Aux côtés de K@vi, qui agit notamment comme producteur, Manraj Bicka s’emploie dans un style qualifié de fusion pop-rock. Résultat ? Un single porteur de messages d’espoir et d’encouragement. Celui-ci prend cependant à contre-pied la tendance actuelle d’œuvres de courte durée (de 2 à 3 minutes) pour proposer plus de quatre minutes de musique qui monte en crescendo. Avec un refrain facilement assimilable, qui tas dan latet.

Autres news

Enfin le brillant guitariste Manu Desroches s’est décidé à lancer LaTerre, qui impressionne depuis des années en Live ! La sortie est prévue ces jours-ci.

D’autre part, la chanteuse Caro Perne, soutenue par Helix Dynasty, a terminé l’année avec Game Over, largement popularisé sur les réseaux sociaux avant sa sortie. Un son Bad que dévoile cette artiste de la génération de femmes qui s’affirment avec des pics telles « Mama ti dir napa zwe ar karo tansion brile ». Fouf ! On en redemande de ces punchlines réfléchies, à des kilomètres des simplistes « dan Boombang pena ledan ».

À La-Réunion, le chanteur aux origines mauriciennes Pix’l a collaboré avec le seggaeman de Plaine-Magnien, Murvin Clélie. Sur la page YouTube de The Prophecy, Ote Bondye comptabilise déjà 1,4 million de vues en un mois.

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