Le refus de la misère un combat de tous les jours

La journée de demain, 17 octobre, sera consacrée au Refus de la Misère. Le jeudi 5 octobre, soit une douzaine de jours de cela, a été célébrée la Teacher’s Day. Aucune relation, dans la mesure où chaque jour de l’année marque un événement spécifique. Certes, depuis 1987 et ensuite avec le sceau des Nations unies en 1992, le 17 octobre sert d’appui pour rendre hommage à ceux qui se dévouent pour faire reculer la misère. La lutte contre la misère est un combat sans relâche et de tous les jours.

- Publicité -

Ce combat contre le fléau, qui se résume tout simplement à un viol des droits fondamentaux de l’individu, dépouillé de l’essence de son existence, ne mobilise pas outre mesure les ressources du monde. Le monde a pu témoigner des milliards de dollars engloutis dans les armements en tous genres mis à la disposition des belligérants engagés sur le front Ukraine/Russie.

Désormais, la crainte entretenue par Kiev est que ses intérêts, défendus par l’Ouest face aux visées de Moscou, soient relégués au second plan. La guerre Israël/Hamas, qui fait rage depuis une dizaine de jours et qui risque de perdurer, malgré les appels au cessez-le-feu lancés de tous côtés, monopolise l’attention des mêmes alliés de l’Ukraine.

Ces ressources financières et autres moyens logistiques, déjà engagés en faveur de l’Ukraine ou qui le seront en soutien à Israël, dans la folie meurtrière, qui aveugle les belligérants de tout acabit, ne feront que semer la misère dans le monde. Et dans l’indifférence totale du monde. En dépit de ce que l’on peut bien penser. Paying Lip Service, dira-t-on avec perfidie de l’autre côté de La-Tamise.

De ces images de cette guerre sans merci entre Israël et le Hamas, des déflagrations suite à des tirs calibrés au millimètre, des cibles aux dépouilles déchiquetées des victimes, les unes plus innocentes que les autres, celle de ce petit Palestinien, pas plus haut que trois pommes, transportant sur son dos un matelas de fortune, dépassant de loin sa tête et un sac en plastique, recélant tout son trésor, vaut son pesant d’or dans ce monde de misère. Dans un territoire privé des besoins les plus élémentaires face à la misère.

Privilégiant sa sécurité, ce petit garçon s’est mis en route pour le Sud de Gaza. La photo de l’AFP, diffusée vendredi dernier, ne dit pas s’il est accompagné de ses parents, ou s’il a encore des proches. Tout ce que l’on peut déduire de cette image parmi tant d’autres est que ce petit garçon s’est engagé irrémédiablement sur la route de la misère, balisée de combats inlassables pour pouvoir survivre.

Même si les chantres de la paix parviennent à imposer ce que John Lennon avait prêché au plus fort de sa gloire musicale, soit Give Peace a Chance, cet enfant de la Palestine continuera avec cette Scar de la misère la plus profonde dans l’âme, comme le sont invariablement les proches des victimes de cette guerre historique injuste.

Mais en quoi la Teacher’s Day a-t-elle de pertinence avec la Journée du Refus de la Misère ou encore les affres de la guerre Israël/Hamas? La réflexion trait d’union pourrait revenir à un ancien enseignant et aujourd’hui se voyant confier le rôle de pasteur de l’Eglise catholique à Maurice, Mgr Jean-Michaël Durhône.

Fidèle à son style, l’évêque de Port-Louis n’a pas hésité à utiliser un lexique militaire, voire guerrier, pour situer la mission d’enseignant. « Vous êtes des soldats de front ! » a-t-il exhorté au corps enseignant à cette occasion.

Des soldats de front pour protéger les plus vulnérables, en particulier les enfants, contre la misère avec pour seule et unique arme l’ÉDUCATION. Les Mauriciens de la génération ayant grandi avec l’Indépendance savent que l’ascenseur social n’a été alimenté que par l’éducation. D’où notre dignité et notre fierté.

Pourtant, à cette époque l’éducation n’était pas gratuite et les familles ne nageaient pas dans l’opulence, pour ne pas dire Ti pe tir diab par lake. Pourtant, aujourd’hui, du préscolaire au tertiaire, l’accès à l’éducation est littéralement sans frais.

Mais, la réussite dans la vie a cédé le pas à toutes sortes de dérives sociétales. Surtout que cette même éducation gratuite se conjugue avec la misère de l’Extended Programme et une frange de plus en plus importante de la jeunesse mauricienne en bordure de l’autoroute de l’Éducation.

Cette Journée du refus de la Misère ne devra-t-elle pas se transformer en une Journée du refus de l’Arrogance – nou ki konn tou, nou ki fer tou bien, saki nou dir samem ki bon – pour une remise en question sans compromis.

L’éducation n’est-elle pas ce passeport dans ce voyage sans escale de l’épanouissement de soi ? Pour pouvoir éviter de dire quelle misère…

  

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour