Musique – Ki bon son : Abaim, Pix’l, Manu, Ejilen et Jahfazon

Et bien, vous avez été nombreux à nous contacter après la parution du premier volet de Ki Bon Son. Après un mois de janvier plutôt morose, les productions nouvelles ont connu une soudaine expansion sur Internet. Voici, du coup, notre sélection pour cette période où la musique mauricienne poursuit son cheminement vers un métissage des genres. Et des collaborations hors frontières.

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Rouz Ble Zonn Ver

Une trentaine d’artistes confirmés et une centaine d’enfants venus de différentes régions de l’île. À l’occasion du 56e anniversaire de l’indépendance et en des temps de fragilisation du tissu social, le groupe Abaim réunifie sous le quadricolore.

Une nouvelle version de Rouz Ble Zonn Ver — initialement sorti en 2011 — rappelle la multiplicité de nos origines et les attributs unificateurs d’une île arc-en-ciel. L’art et la musique ont cela de captivants : le pouvoir de briser les barrières sociales et générationnelles, qui tendent à séparer.

Tian Corentin, Sebby, Ludmila Ono, Stewelderson Casimir, Murvin Clélie, Didier Baniaux, Mr Love, Nancy Derougere… Autant de grands noms ayant contribué à ce projet, sous la houlette d’Elvis Heroseau et de Richard Hein (Studio Kapricorn). Marousia Bouvery et Alain Muneean, tous deux d’Abaim, auront eu le mérite d’avoir rassemblé derrière un objectif commun. Faisant briller le mauricianisme, peut-être par-delà de ce qu’ils avaient initialement prévu. Comme le rappelle Blakkayo en fin de ce titre aux teintes d’hymne : « Ansam, nou avanse ! »

Pou ou Entann’

Kom mon maloya, ou la ress’ la minm. Sorti dans le cadre de la Saint-Valentin, le titre de l’île sœur est une ode à l’amour et à ses péripéties, qui le solidifie. Kevin Messin (Pix’l), enfant de Cité-Vuillemin établi à La Réunion, confie à coeur ouvert ses interrogations et ses sincères réponses. Est-ce qu’on s’aime vraiment ou sommes-nous encore en train d’apprendre ? À travers sa poésie, il rappelle ainsi que les doutes et les questionnements surviennent. Et que, si sciemment abordés, ils aident à cimenter une relation, à la faire grandir et prospérer. Les regards, en soi, peuvent parfois se révéler insuffisants. D’où l’intérêt de déclamer joies et douleurs, pou ou entann’.

Labélisé sous 2 Saisons Production, avec Stéphanie Fivria à la prod, le titre rédigé par Pix’l retient comme compositeur Rodolphe Celeste. Pour un arrangement musical subtil et discret qui plaît. En témoignent les quelque 820 000 vues en l’espace d’un mois. Rappelons que Pix’l a également sorti un tube avec le seggaeman de Plaine-Magnien, Mervin Clélie, et The Prophecy. Ote Bondye, une collaboration Maurice/Réunion, qui compte 2,8 M de vues en trois mois sur YouTube.

LaTerre

L’envol. Après des années à accompagner, en second plan, divers artistes et groupes, le guitariste et chanteur Manu Desroches s’affirme enfin. L’une des premières étapes se révèle la mise en ligne de LaTerre. Ce titre nous avait subjugués en 2020 lors d’un concert de Kafe Kiltir tenu à Tamarin. C’est le vidéographe rodriguais Fabien Etienne qui se charge de la réalisation du clip. Celui-là même qui est à l’origine d’une des plus belles réalisations de la République avec Blouz dan Mwan. Une production sortie en 2022 qui avait mis en lumière l’ensemble du talent rodriguais à travers une magnifique vidéo. Pour cet opus, Fabien Etienne revient de l’avant avec la composition d’une nature locale étouffée par les semonces du développement.

Au chapitre musical, aux élégants accords de Manu Desroches s’accrochent les sonorités du Schoko Big Band de Munich, les trombones d’Anaga Garcia et Fabian Graf, ainsi que les saxophones de Luis Burger, OTGO, Simon Siebeck et Michael Lutzeier. L’arrangement est co-signé par Jalill Auckbaraullee et Sébastien Schoko Kölbl, le mix de Jordan Kouby et le mastering réalisé par Mickael Rangeard. En soi, une équipe de professionnels d’ici et d’ailleurs pour un rendu d’une rare profondeur humaine. LaTerre est une somptueuse ode à mama later.

Ganga Ke Jalwa

À l’occasion des célébrations du Maha Shivaratree 2024, Ejilen Faya et la formation Omja remettent au goût du jour un titre populaire. Cette chanson spirituelle en bhojpuri a, durant des décennies, été chantée et dansée par de multiples générations. La reprise, elle, comptabilise en un mois plus de 500 000 vues sur YouTube.

C’est ainsi que durant le pèlerinage de cette année, Ganga Ke Jalwa a largement résonné durant tout le parcours menant au lac sacré. N’en déplaise à certains. Car le titre, au-delà de sa portée spirituelle, ramène vers le respect des traditions ancestrales en ces temps contemporains. Notamment du fait qu’il est défendu par ceux de la nouvelle génération.
Le clip a été réalisé par Keshav Films, avec l’apport des danseurs de Tanushree Events et de l’EKTA Group. C’est la voix d’Ashley Chenel qui, cette fois, rassemble les fidèles sous des sonorités nouvelles. Un appel à l’unité adressé par des jeunes.

Lam Perdi

Le rebelle de Rose-Belle et l’ermite des îles se rejoignent de nouveau. Sur des flows de reggae, Wendy Ambroise (Jahfazon) et Apka adressent un message aux âmes, surtout celles égarées. Car en 2023, chantent-ils, les victimes de guerres et d’épidémies de drogues se comptent toujours par millions. Une ironie en cette ère où l’homme se félicite de progrès en tout genre, s’éloignant sans s’en rendre compte de l’essence même de ce qui fait de lui un humain. À savoir son humanité et son rapport à la nature, au naturel.

Pour cela, les battements du reggae et du seggae défendus par le duo rappellent que certaines nécessités doivent se transmettre de génération en génération. Dont la spiritualité et la considération des jeunes. Afin que ceux-là ne soient condamnés malgré leur bon vouloir. « 2023, enn sans pou retrouv lesansiel », interprète Apka.

Autre news

AnneGa a mis en ligne un clip écologiquement consciencieux, Losean. Elle y dévoile un pan de sa transposition vers le kreol, tout en gardant son identité pop rock. La chanteuse des hautes Plaines-Wilhems, Maeva Martin, a également publié le trailer de son nouveau tube. La jeune femme réaffirme encore un peu plus la voix des femmes qui se voyaient imposer une image. Désormais, elle fait comme elle le sent, clamant la fierté de sa féminité, contrastant avec le lot de critiques dont elle doit faire face.

D’autre part, une voix qui s’annonçait prometteuse a gravement entaché sa carrière. Le chanteur Lion Vibe est soupçonné de meurtre sur son ami, tué à coups de couteau. Depuis, différentes sombres rumeurs circulent quant aux raisons ayant motivé cette agression mortelle, donnant une autre image à celui qui se présentait comme un héritier du seggae.

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