Réfléxions – Law & Order : de mal en pis !

Un couple de personnes âgées a été retrouvé mort à son domicile, à Vacoas. Des citoyens a priori sans histoires. Le cadavre d’une ado de 17 ans a été découvert dans la maison de son petit ami de 23 ans, à Melrose. Le jeune homme était inconscient quand la police a débarqué. Un policier en service a été fauché par un jeune automobiliste à Beaux-Songes. Il avait décroché son permis quelques jours plus tôt. Des témoins sur les lieux affirment qu’il roulait dangereusement. Alors qu’il a évité de justesse un accident, un étudiant en droit a été agressé au couteau par des énergumènes circulant à moto à Quatre-Bornes. La liste des faits divers malheureux s’allonge. Chaque jour amène son lot de nouveaux cas, les uns plus sordides que les autres. La situation dans le pays en matière de “law and order” se dégrade un peu plus chaque jour.
Nous vivons dans une période empreinte de violences. Physique, mais tout aussi psychologique et verbale. Les provocations en tous genres pullulent. Les trop nombreux cas d’étudiants impliqués dans des bagarres, que ce soit dans les lieux publics ou dans l’enceinte des institutions scolaires, voire même à la maison, en attestent. Insultes, attaques, rixes… les cas sont légion ! Les effractions, cambriolages et vols qui se terminent mal sont, eux, recensés quotidiennement dans les postes de police des localités urbaines autant que rurales. À croire que, soudainement, une épidémie de violences se serait emparée de certains citoyens, et dont quelques-uns commettent des crimes et des atrocités de sang-froid.
Pendant ce temps-là, les saisies de drogues et de substances illicites se multiplient. Mais rarement tombent les gros poissons. Les vrais marchands de la mort, eux, parviennent ainsi à résister aux filets de la justice. Malheureusement, malgré tous ces efforts redoublés en termes de répression, le nombre d’accrocs à ces produits nocifs augmente. Pourquoi ? Comment ? Pas d’élément de réponse à ce stade, peu ou pas d’étude n’étant entreprise. Il fut un temps où ces exercices étaient pourtant ponctuellement réalisés par des institutions comme l’Université de Maurice (UoM) ou le Mauritius Institute of Health (MIH). Mais depuis nombre d’années, presque rien. Ce qui cause un énorme vide dans une société où la donne est d’autant plus complexe et compliquée dans le sillage des confinements et autres bouleversements causés par le Covid-19. Un épisode sans pareil qui aura tout chamboulé sur son passage.
Et pendant ce temps-là, encore, à la tribune des Nations Unies, à New York, face à quasiment le reste du globe, Pravind Jugnauth prend des engagements forts et fermes. Au nom d’une population vieillissante. D’une jeunesse sclérosée, qui menace sérieusement de s’encroûter avec des fausses valeurs, des principes bidonnés et des convictions hypocrites. D’une force ouvrière épuisée et dépassée, coincée dans un étau, sans issue.
L’on ne reproche pas au chef du gouvernement sa démarche. Il est bien inspiré de faire appel aux grands de ce monde et de les interpeller sur ces dossiers prioritaires, dont dépend notre avenir. Par contre, Pravind Jugnauth réalise-t-il à quel point la société mauricienne se fragilise ? Que notre paix repose sur un tissu qui s’effrite de plus en plus ? Que fait-il pour ramener la confiance populaire vers nos institutions, frappées par une crise inédite de méfiance ? Que met-il en place pour consolider le bonheur de vivre dans le pays ?
Depuis maintenant plusieurs années, Maurice voit son âme se perdre, avec une vie culturelle quasi inexistante. Ceux qui ont connu ces années où les compositions musicales de Bam Cuttayen, des Soley Ruz, de Sarojini Seeneevassen et des frères Joganah, des créations scéniques d’Henri Favory et de Gaston Valayden, et d’autres artistes qui, non seulement faisaient bouger les foules, mais leur mettait tout aussi bien plein la cervelle, reconnaissent que ces acteurs culturels ont largement contribué à éduquer et faire respirer le peuple. Mais aujourd’hui, qui assure notre santé mentale ?
La création se voit pratiquement obligée d’emprunter des voies “underground” pour subsister. Est-ce parce que quand un peuple réfléchit, il s’arme pour repousser ceux qui encouragent la pensée unique, que l’État opte pour une politique culturelle restrictive ? Nos jeunes n’auront pas de racines solides sans un épanouissement culturel adéquat. Sur quoi bâtiront-ils leur futur quand leur présent est aussi teinté de violences ?

- Publicité -

Husna Ramjanally

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour