Tania Diolle : « La porte reste ouverte à Ivan Collendavelloo »

En marge de la Journée internationale des Droits de la Femme, Linite Militant, dont les dirigeants sont Steven Obeegadoo et Alan Ganoo, organise demain une rencontre avec les femmes de la circonscription de Belle-Rose/Quatre-Bornes (No 18). Lors d’un entretien avec la Parliamentary Private Secretary (PPS) Tania Diolle, initiatrice de cette rencontre, celle-ci souligne l’importance pour les femmes de s’engager sur la scène politique. Elle estime que la meilleure façon de le faire sera l’introduction d’un système de quota. Elle évoque aussi brièvement la création de Linite Militant et affirme que la porte de ce groupement, dont l’ambition est de regrouper les anciens militants, reste ouverte à Ivan Collendavelloo.

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Nous avons célébré cette semaine le 56e anniversaire de l’indépendance du pays et le 32e de la république. En tant que jeune députée, qu’est-ce que ces célébrations signifient pour vous ?
En tant que Mauricienne avant tout, ces célébrations sont empreintes de signification, nous rappelant l’importance de notre histoire et des sacrifices consentis par nos aïeuls pour obtenir notre indépendance et établir notre république. En tant que jeune députée, ces célébrations constituent pour moi une invitation à perpétuer cet héritage en travaillant sans relâche. C’est grâce à cette indépendance que le Mauricien peut choisir aujourd’hui ses députés pour le représenter au Parlement. Et c’est à travers ces mêmes représentants que le Mauricien définit ce qu’il veut faire pour le développement social, économique et politique du pays.

Si vous n’étiez pas députée, est-ce que vous auriez célébré la fête nationale ?
Que je sois députée ou non, je célèbrerai toujours la fête de l’indépendance de mon pays. Pour la petite anecdote, durant mon enfance, ma mère mettait toujours un drapeau du pays sur le toit de notre maison pour l’anniversaire de l’indépendance. Aujourd’hui, à un degré moindre, je suis ses traces en affichant des petites décorations, des petits drapeaux sur la voiture. Donc oui, que je sois députée ou non, je célèbrerai toujours la fête de l’indépendance de mon pays.

Nus entendons souvent dire qu’il y a encore du chemin à faire pour que les Mauriciens développent un sens d’appartenance et un sens de mauricianisme. Est-ce votre avis ?
Je suis d’avis que nous avons tous conscience que le développement d’un sens d’appartenance et d’un esprit de mauricianisme est un long processus. Il y a encore beaucoup de chemin à faire à ce niveau mais nous sommes encore une jeune nation.
Mais il ne faut pas pour autant ne pas mettre en avant les choses positives que nous vivons : cette solidarité mauricienne qui prévaut dans les moments d’adversité. Que ce soit après le passage d’un cyclone, inondation ou encore durant la période de Covid. Oui, il y a encore beaucoup de chemin à faire mais nous sommes sur la bonne voie.

Et pourtant, on parle souvent de résurgence du communalisme dans le pays. En tant que politicienne, est-ce que vous le constatez également ?
Évidemment, j’entends parler du communalisme mais je ne le vis pas dans la réalité. En tant que députée et PPS, je travaille beaucoup sur le bien commun, l’intérêt public. Je n’opère pas de façon sectaire. Je ne le vis pas moi-même. Ce qui fait que je ne le ressens pas. À aucun moment je ne me suis sentie mal à l’aise là où je vais.
D’ailleurs, il ne faut pas oublier que dans ma circonscription je suis une zanfan landrwa. J’ai grandi au milieu de toutes les cultures, avec mes voisins, les amis que j’ai connus à l’école. Après, nous sommes des gens éduqués qui ont un idéal pour notre pays.
Sur le plan économique, le pays a parcouru un long chemin. Quels sont, selon vous, les principaux défis auquel le pays est confronté aujourd’hui ?
Il n’est un secret pour personne que sur le plan économique, il y a eu des défis de taille à relever, notamment l’impact du Covid et aujourd’hui les répercussions des guerres comme celle en Ukraine.
Maurice étant un État insulaire, nous subissons de plein fouet ces répercussions. Aujourd’hui, nous devons plus que jamais adopter des politiques et des stratégies qui favorisent la résilience et la durabilité à long terme de notre économie.

Le 8 mars dernier, nous avons célébré la Journée internationale des droits de la femme. Comment cette célébration vous interpelle-t-elle ?
Cette célébration me rappelle l’urgence de continuer à œuvrer pour éliminer les discriminations et les inégalités auxquelles les femmes sont confrontées.  Fort heureusement, sur les trois dernières générations, il y a eu une évolution positive. N’oublions pas qu’il y a peu, les femmes ne pouvaient pas ouvrir de comptes bancaires et encore moins imaginer faire de la politique. Aujourd’hui il y a eu cette évolution. Mais le combat ne s’arrête pas là.
Comment se présente la situation de la femme sur tous les plans aujourd’hui ?
J’évoquais à l’instant avec vous cette évolution de la femme mauricienne au fil de ces trois dernières générations. Quand nius voyons la vie moderne que mène une femme aujourd’hui, nous pouvons dire qu’il y a du progrès, des acquis, mais le combat ne s’arrête pas là. Par exemple, concernant le manque de femmes dans la prise des décisions politiques et publiques, il y a encore du chemin à faire. Beaucoup de femmes sont d’ailleurs réticentes à s’engager en politique et il y a des raisons pour cela. Parmi l’une de ces raisons : le traitement que peut recevoir la femme publique en politique. C’est un monde où désormais tous les coups sont permis.

Vous-même vous faites parfois l’objet de critiques ?
Je retiens les critiques positives. Toutefois je ne tiens pas compte des palabres. Je me concentre sur mon travail et ma mission.

Vous sentez-vous à l’aise dans le milieu politique qui est parfois impitoyable ?
Ce n’est pas une vie facile mais je le vis par vocation. Pour moi, c’est un plaisir de se mettre au service du bien commun et de la population et d’avoir une interaction avec le public. Lorsque j’étais Lecturer, j’étais en contact avec un Selected Few, mais en tant que députée, nous sommes obligés d’interagir avec la masse populaire. Ce qui permet de connaître la société en profondeur. Lorsqu’on a un idéal et qu’on souhaite apporter un changement, il est important de mieux connaître les gens d’abord. Ma députation et mon travail de PPS m’ont permis de le faire.

Comment est-ce que vous conciliez votre vie politique et votre vie personnelle et familiale ?
Il n’est pas facile de concilier vie familiale, vie professionnelle et la vie politique. Je dois dire que j’ai la chance d’avoir un mari que me soutient à 100%.

Nous parlons souvent du retard de Maurice concernant la sous-représentation des femmes dans le champ politique. D’où vient le problème ? Quelles sont vos propositions ?
Savez-vous le nombre de femmes qui me soutiennent et qui me donnent un coup de main dans mes activités politiques ? C’est également le cas pour la majorité des députés. Les femmes sont au premier plan lorsqu’il faut travailler le terrain ou pour participer à des projets. Toutefois vous ne pouvez pas imaginer les difficultés que nous pouvons rencontrer pour arriver à trouver une femme qui accepte d’être candidate dans un ward pour les élections municipales. Trop de femmes évoluent à l’écart de la politique. Ce n’est pas normal. Nous sommes dans une société moderne, les femmes doivent s’engager davantage. Je ne comprends pas pourquoi les femmes ont un blocage dans la tête. Il faut qu’il y ait plus de femmes ayant des ambitions politiques. Beaucoup de femmes ont une vision pour la société mauricienne mais elles ne peuvent pas rester Behind the Scene tout le temps. Pourtant les femmes sont des entrepreneuses hors pair et ont beaucoup de succès.
Comme je le disais plus tôt, je pense qu’il y a cette peur de s’exposer au monde politique et à ses coups bas. Pour que les choses changent, il nous faut une formule de quota, soit une femme par circonscription. Nous avons vu que la formule a marché pour les collectivités locales. Cela obligera les partis à rechercher eux mêmes ces femmes qui ont un intérêt pour la politique.
Puisqu’on parle des femmes, est-ce qu’il y a une solidarité entre les femmes parlementaires ?
Les femmes parlementaires se rencontrent au niveau de Gender Caucus. Je dois dire que parmi les femmes parlementaires, nous nous entendons bien entre nous. C’est le cas lorsque nous sommes invitées, par exemple, par Gender Links. Si demain nous devons nous engager dans une action commune, je ne vois pas pourquoi nous ne serions pas ensemble.

Vous animerez demain une réunion à l’intention des femmes de votre circonscription. Que voulez-vous démontrer ?
Ce n’est pas la première fois que nous organisons un tel rassemblement dans ma circonscription. Cette démarche s’insère avant tout dans le cadre de la Journée mondiale des droits de la femme. Il n’y a rien d’anormal et rien à démontrer. Nos partenaires de l’alliance sont d’ailleurs invités.

Quel message comptez-vous transmettre ?
Il n’est pas question de transmettre un message mais d’être à l’écoute de ces femmes issues de différentes générations. Il ne s’agit pas d’une réunion politique traditionnelle. Il s’agit plus d’un échange avec les femmes. C’est ce que propose la plateforme Linite Militant. Nous voulons innover.

La précédente réunion à Rose-Belle avait été organisée par Linite Militante avec seulement Steven Obeegadoo et Alan Ganoo. À quand l’intégration d’Ivan Collendavelloo dans ce regroupement ?
La balle est dans le camp d’Ivan Collendavelloo. Je sais qu’il y avait divergence à certains niveaux, que les choses vont trop vite… Mais là encore, il faut poser la question au leader du ML. À notre niveau, la porte reste grande ouverte et ce sera toujours avec plaisir que nous accueillerons Ivan Collendavelloo à nos réunions.

Quelles sont les ambitions de Linite Militant. Est-ce cette plateforme a été constituée dans le but d’obtenir plus de membres sur la liste des candidats de la majorité ?
Linite Militant représente avant tout la synergie qui existe entre nous. Il s’agit aussi d’une synergie autour du travail qui est effectué dans les différentes circonscriptions. N’y voyez aucune ambition « sinistre » de notre part.

Comment se présente la rentrée parlementaire ?
Je suis motivée et j’ai hâte de me remettre à la tâche.

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