La claque

La Gambling Regulatory Authority (GRA) n’est pas au bout de ses surprises en ce début d’année. Après la déconvenue judiciaire contre les bookmakers opérant hors hippodrome sur des points de droit qui ont montré que ses board members avaient fait preuve de manque de responsabilité, elle a frôlé l’outrage à la cour pour avoir refusé le paiement de la redevance réglementaire d’un bookmaker pour sa licence d’off-course betting… Elle doit son salut à la confusion créée autour d’un formulaire non rempli, pas fondamental, puisqu’il s’agissait d’un banal renouvellement.

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La mauvaise foi de la GRA est à la hauteur de sa politique de manque de transparence. Et c’est en tant que mauvaise perdante qu’elle envisage de faire appel du jugement implacable des juges Teelock et Ohsan-Bellepeau. Faut-il voir dans cette face saving device suicidaire la raison du retrait de leur bras légal habituel, le State Law Office ? Il faut sérieusement l’envisager, puisqu’à la surprise générale, mais logiquement et légalement, le bras légal de l’État s’est retiré comme partie défenderesse de l’organisme de régulation des paris et des courses hippiques. Cela dans une affaire identique à celle qui avait entraîné le désaveu honteux pour l’inexplicable expulsion des bookmakers de leurs bases d’opération qu’ils occupent depuis quelques années maintenant.

Cette politique dominère et inexpliquée officiellement et condamnable du board de la GRA — où règnent sans concession le président Om Dabbidin et son mentor Dev Bheekary — a sans doute été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. PROFESSIONALLY EMBARASSED. Quelle claque pour ce duo magnifique que de voir venir d’une cour de justice un désaveu aussi cinglant et lourd de sens de leurs propres hommes de loi, dont le responsable siège sur un conseil d’administration où son absence, lundi dernier, en dit long sur le déni des méthodes de certains de ses collègues du conseil d’administration de la GRA.

« State Counsel and State Attorney no longer appear for GRA as they have been authorized by court to withdraw as legal advisers on behalf of GRA. » Que le bras légal de l’État ne veuille plus défendre un organisme d’État dans une affaire est sans doute rarissime, mais cela en dit long sur ses dénégations des agissements de la GRA de la part de Me Jean Louis et Kamia, qui ne devraient plus défendre ou conseiller ce client-là. C’est un acte courageux qu’il faut saluer dans la conjoncture, même si on peut regretter que le Solicitor General ne soit pas allé au bout de la logique de son organisme puisqu’il était jeudi présent au conseil d’administration. Il y a définitivement eu un changement induit d’attitude du SLO et il faudra s’attendre que d’autres avocats de cet organisme continuent à être au service de la GRA. Mais cet avertissement n’est pas sans frais pour les principaux animateurs de cet organisme, qui ont subi à cette occasion une humiliation publique sans précédent.

Le feel good factor des autorités est aussi miné ces jours-ci par l’histoire de ce haut cadre de la MRA qui se rend régulièrement à Londres — la base opérationnelle du London Boy — pour assister à une exposition sur le gaming qui fait l’objet de suspicions. On lui reproche un relatif altruisme professionnel en faveur d’un magnat des jeux et paris qui a connu une fulgurante progression dans ce domaine ces dernières années. Quoi qu’il en soit, il n’a pas laissé insensible son employeur, qui a initié une enquête dont les ramifications pourraient atteindre l’organisme régulateur des courses, où c’est l’ICAC qui fouine pour savoir s’il y a des « privilégiés » qui ont bénéficié de coups de pouce, pour ne pas dire des coups de main, de la part de certains bienfaiteurs de la GRA.

Tout cela est nauséabond et démontre qu’au sein d’organismes régulateurs, le potentiel de présence de personnes pas toujours animées de bonnes intentions grandit chaque jour et qu’il pourrait exister des ripoux au sein des chasseurs de corrompus. En tout cas, s’il y en a, il serait temps qu’ils soient démasqués et livrés à la justice qui, nous l’espérons, sera sans pitié et NOT EMBARASSED AT ALL…

Heureusement que le bon sens peut prévaloir dans certains départements de l’État. Ainsi, un moratoire a été obtenu de haute lutte, ce qui permet aux trois jockeys pointés du doigt par la GRA, David, Ségeon et Chisty, et d’autres de travailler pour trois mois encore en attendant que leurs employeurs obtiennent le permis/sésame qui prolongerait leur droit légitime de travail sur le sol natal de leurs épouses. Cette approche qui a des objectifs spécifiques et des cibles privilégiées est à notre sens malsain et relève sous certains aspects des possibilités d’abus relevant des droits de l’homme dont il faut absolument se prémunir. Le bon sens a aussi eu raison de la lourdeur administrative et des petits coquins pour le permis de travail délivré au premier Stipe féminin qui exercera à Maurice, Julia Keevy, qui pourra enfin faire œuvre utile aux côtés de ses collègues mauriciens avides de lui faire partager le monde fantastique pour ne pas dire fantasque des courses mauriciennes.

Notons par ailleurs la bonne collaboration MTC/GRA (Management) dans l’affaire du Zilpaterol avec l’apport du laboratoire QuantiLAB qui a permis, de façon très professionnelle, de gérer une si large positivité collective. La première épreuve subie par le nouveau CEO du MTC, Mike Rishworth, qui apprend très vite les spécificités du monde hippique mauricien, a finalement été correctement maîtrisée. Il a été soutenu dans ce brouillamini par le rusé et fin limier de la GRA, Paul Beebee, auteur d’une enquête de terrain menée de main de maître, et le laboratoire QuantiLAB de Bertrand Baudot, toujours à la hauteur et très efficace dans les situations de crise. Finalement, la contamination alimentaire avérée a permis au Chief Stipe, Stephane de Chalain, et aux administrateurs de faire preuve d’indulgence et de compréhension auprès des entraîneurs et de leurs chevaux, qui ont repris la compétition sans épée de Damoclès sur leur tête. Ceux-là devront tout de même à l’avenir s’assurer de la virginité de l’alimentation de leurs chevaux comme le préconisent les nouveaux règlements, car la prochaine incurie en la matière ne sera pas pardonnée.

Signalons enfin la mise sur pied cette semaine sur une base pilote du monitoring des paris en temps réel au Champ de Mars par les éléments de la GRA, qui avertiront on the spot le Chief Stipe des évolutions suspectes des cotes. Un pas majeur en avant dans le combat contre la corruption, à condition, bien sûr, que la stipe room en fasse bon usage dans la stricte confidentialité et que la police des jeux agisse en aval. Ce ne sont que les prémisses d’une nécessité absolue, longtemps attendue, mais lorsque la machine sera bien huilée, les transgresseurs n’auront qu’à bien se tenir. Qui a dit que le MTC et la GRA ne peuvent travailler en bonne intelligence ?

Nous ne pouvons terminer sans évoquer le deuil qui nous afflige, le décès de notre ami, l’un de nos maîtres et inspirateurs, Jocelyn Fin, haut fonctionnaire et chroniqueur sportif émérite qui a animé des décennies durant les colonnes hippiques du Mauricien. Sa signature H. était celle de la rigueur et de la critique redoutée par tous les professionnels des courses, tant ses analyses acerbes et éclairées dénichaient sans concession le moindre écart. Il était aussi un brillant pronostiqueur et maniait le pedigree avec une dextérité à faire pâlir certains professionnels des courses. Il détestait l’imprécision et les compromissions, au point où certains de ses collègues ont subi ses ires et son orgueil, parfois démesuré. Dans l’intimité, il était un homme affable sachant partager avec ceux qu’ils respectaient… et sans doute aimaient… un Johnnie ou un Chivas, toujours haut de gamme, et ses fameux gajacks — fraîchement ramenés de Port-Louis par son fidèle Naudeer. Nous avons eu, à l’occasion, l’immense plaisir de partager ces moments-là sur le balcon de sa demeure de Mare Gravier, où l’on humait la bonne humeur de turfistes vrais et palpait une tristesse profonde pour son épouse Niella, qui en a fait un jeune mais éternel veuf. Repose en paix maître Jocelyn Fin !

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