Pour cette année : Bérenger prévoit un taux de croissance inférieur à 3,7%

  • Le leader du MMM:  «Le montant réel de la dette publique calculé pourrait avoir atteint 70% du PIB alors que le daéficit budgétaire a dépassé 5% du PIB»
  • L’annulation de la réception que devait donner la haute commission britannique la semaine dernière qualifiée de « mesquine » et « grossière »

Le leader du MMM, Paul Bérenger, a souhaité samedi que le Premier ministre et ministre des Finances, Pravind Jugnauth, qui présentera le dernier budget de l’actuel gouvernement cet après-midi, « fasse son maximum » pour les handicapés, les salariés, les contribuables, les planteurs et les pécheurs « sans hypothéquer l’avenir avec les jeunes en tête ». Il dit prévoir pour cette année un taux de croissance « inférieur à 3,7% ».

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Paul Bérenger a avancé que « tout le monde, y compris les syndicats, est bien conscient des dangers et des enjeux auxquels le pays est confronté à l’heure actuelle ». Le dirigeant du MMM s’est toutefois abstenu de faire des prévisions concernant les mesures qui seront présentées par le ministre des Finances, préférant attendre la présentation du budget pour faire ses premiers commentaires cet après-midi avant que le porte-parole pour les questions économiques et financières, Reza Uteem, n’intervienne dans les débats sur le budget jeudi.

Le leader du MMM a observé que, durant la dernière décennie, le pays a connu une croissance économique moyenne de 3,7%, alors que durant la décennie précédente la croissance moyenne enregistrée a tourné autour de 4,3%. Il estime de plus que la croissance économique pour cette année sera « légèrement moins de 3,7% », et ce à la lumière des indicateurs économiques observés depuis le début de l’année.

Pour lui, les chiffres concernant la dette et le déficit budgétaires, qui seront sans doute évoqués par le gouvernement cet après-midi, n’ont plus « aucune valeur » du fait que, dit-il, « ces chiffres ont été manipulés ». Il ajoute : « Toutefois, le montant réel de la dette publique calculé pourrait avoir atteint 70% du PIB alors que le déficit budgétaire a dépassé 5% du PIB. » Il a de même fait part de son « appréhension » que le pays s’achemine vers « une crise de confiance » en raison de la manipulation des chiffres et s’est réjoui que les élections générales ne soient pas loin.

Faisant un survol de l’économie, il a observé que tous les principaux secteurs « sont en crises », à commencer par l’industrie sucrière. « Le secteur du textile et celui des services financiers sont en difficulté et le tourisme n’est pas épargné. Or, le gouvernement est à bout de souffle et n’a rien à proposer », dit-il. Il considère, par ailleurs, que le pays se trouve « dans une situation d’urgence » concernant l’environnement local et le réchauffement climatique. Il estime que si le gouvernement « ne présente pas des mesures fortes pour faire face à la situation, les jeunes se révolteront dans les jours à venir ». 

Abordant le dossier des Chagos, Paul Bérenger a condamné la Grande-Bretagne, qui continue à refuser le jugement de la CIJ et qui s’obstine à refuser d’engager des discussions avec Maurice, comme réclamé par le CIJ. Il a estimé que la décision de la Grande-Bretagne d’annuler la réception prévue à l’occasion de l’anniversaire de la Reine Elizabeth II, alors que les invitations avaient déjà été lancées, est un acte « mesquin » et « grossier », pour « ne pas dire rude ». Il a attribué cette décision au ministre des Affaires étrangères, Jeremy Hunt, qui figure parmi les candidats à la succession de Theresa May, qui a soumis sa démission comme Premier ministre britannique.

Paul Bérenger a toutefois déploré que ce dossier soit laissé entre les mains des fonctionnaires, « qui disent n’importe quoi alors que le personnel diplomatique au ministère des Affaires étrangères semble avoir baissé les bras ». De plus, il déplore que le ministère des Affaires étrangères n’ait pas disposé jusqu’ici d’un ministre à temps plein. « Vishnu Lutchmeenaraidoo avait occupé ces fonctions sans conviction après avoir été éjecté du ministère des Finances alors qu’actuellement le poste est occupé par Nando Bodha. Toutefois, ce dernier est en charge d’autres ministères qui lui donnent du fil à retordre, à commencer par le projet de Metro Express », explique-t-il.

Pour lui, le gouvernement n’a pas de politique étrangère et estime que les autorités auraient dû avoir pris contact avec des pays qui ont voté contre Maurice aux Nations Unies, dont les Maldives, qui seront visitées par Mahendra Modi après sa réélection à la tête de la Grande Péninsule. « Heureusement que les élections ne sont pas loin. Après celles-ci, le gouvernement aura enfin un vrai ministre des Affaires étrangères », a-t-il dit. Et de rappeler que les Nations Unies ont donné « six mois » à la Grande-Bretagne pour réfléchir. « Je souhaite que ce pays change d’attitude “in the meantime” et qu’un nouveau gouvernement mauricien puisse planifier et mettre en pratique la prochaine étape », dit-il.

Interrogé au sujet du fait que la Grande-Bretagne reproche à Maurice de l’avoir accusée d’avoir commis « un crime contre l’humanité », Paul Bérenger reconnaît que c’est le terme « le plus dur » qu’on peut adresser à un pays mais a observé que les Britanniques ont reconnu, eux-mêmes, que ce qu’ils ont fait aux Chagos et la façon dont ils ont expulsé les Chagossiens était « shameful and aweful ». Il a toutefois estimé qu’il est « maladroit » de s’attaquer à la Grande-Bretagne dans les différentes organisations régionales à tort et à travers alors que Maurice lui a donné six mois avant de réagir.

Paul Bérenger a par la suite condamné le Premier ministre d’avoir refusé jusqu’ici de sanctionner Anil Gayan pour avoir tenu « des propos racistes », qui risquent « de mettre en péril l’unité du pays ». Au chapitre de Betamax, le leader du MMM considère que le PTr et le MSM « se donnent en spectacle » alors que ces deux partis sont impliqués dans ce dossier. « C’est bonnet blanc, blanc bonnet », a-t-il fait remarquer, soulignant que le MMM a toujours critiqué la façon dont ce dossier a été traité.

S’agissant de la déclaration des avoirs des ministres, des parlementaires et des hauts cadres du gouvernement, Paul Bérenger estime que l’ICAC s’est engagée dans « un débat inutile » car le texte de loi prévoit que les avoirs peuvent être « rendus publics ».

Le leader du MMM a finalement annoncé que Jenny Adebiro, qui avait soumis sa démission comme présidente de l’aile féminine, a repris sa lettre de démission et qu’elle sera candidate aux prochaines élections. Ladite candidate a en effet confirmé qu’un « terrain d’entente a été trouvé » concernant le différend qui avait provoqué sa démission et s’est dit « confiante que les problèmes seront réglés en interne ». Toutefois, elle a fait comprendre que « je ne fais pas la politique dans l’unique but d’être candidate aux élections ».

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