Rodrigues – Éducation : Réunion houleuse sur le calendrier scolaire post-COVID-19

Le calendrier scolaire à Rodrigues continue à susciter controverses. La Commission de l’Education a organisé, lundi, une réunion d’explication sur la présentation du nouveau calendrier scolaire pour Rodrigues en présence d’une soixantaine de personnes, dont des recteurs des collèges, représentants de PTAs, ainsi que des enseignants et des parents. L’objectif : expliquer et répondre aux interrogations de ceux concernés sur la raison d’être et le bien-fondé de ce nouveau calendrier. Le bras de fer engagé avec la Commission de l’Éducation de l’Assemblée Régionale de Rodrigues, campant sur sa position initiale, et les syndicats qui, regroupés sous un front commun, s’est accentué. D’ailleurs, la tension était de mise lors des échanges entre les deux camps.

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D’autre part, au sein de plusieurs collèges, les étudiants se sont rangés derrière leurs enseignants, qui contestent le calendrier scolaire proposé par les autorités. Les forces de l’ordre ont même dû intervenir au sein de certains établissements afin de calmer les esprits. À noter que le front commun des enseignants rejette ce calendrier qu’il estime être imposé unilatéralement par les autorités, alors que des discussions avaient déjà été entamées au préalable et certains compromis atteints par toutes les parties concernées.

Intervenant, le chef commissaire de l’Assemblée Régionale de Rodrigues, Serge Clair, affirme que ce calendrier a été élaboré dans des circonstances bien spécifiques, tout en faisant ressortir qu’il n’y a eu aucun cas de coronavirus à Rodrigues jusqu’ici. « Mais nous devons quand même faire très attention et veiller à ce que virus ne fasse pas son entrée chez nous. C’est un peu pour cela que nous n’avons pas encore pris de décision par rapport au rapatriement des patients qui ont été envoyés à Maurice pour des soins. Et vu qu’il n’y a pas de virus à Rodrigues, nous avons décidé de rouvrir les établissements scolaires secondaires à partir du 4 mai, afin de gagner du temps et de prendre de l’avance si jamais la situation change. Car pendant la période de confinement, les élèves ont perdu six semaines de travail. Nou pa pe get profeser la, nou pe get bann zanfan. »

Et Serge Clair d’affirmer par ailleurs : « J’apprends que depuis ce (lundi) matin des élèves du collège Le Chou sont en train de manifester. Pour quelles raisons ? Alors que nous agissons pour leur bien. Depuis quelques années, les résultats des examens à Rodrigues sont en baisse. Mais nous sommes en train de lutter pour renverser la tendance. L’éducation des enfants doit être au cœur des préoccupat ions des enseignants car leur avenir est en jeu.  » Il ajoutera que le ministère de l’Éducation est au courant des décisions prises par le Conseil exécutif. « Moris ankor pe gagn kastet, pa kone kouman pou fer, nou isi nou fini fer li. Nou enan pouvwar pou fer li parski lasanble rezional otonom. Nou gagn drwa deside parski nou enan pouvwar ek lintelizans. Les intérêts et l’avenir des enfants doivent primer,» dit-il.

Pour sa part, Franchette Gaspard Pierre Louis, commissaire à la Formation, fait ressortir que Rodrigues n’étant pas encore sortie d’une urgence sanitaire, il ne faut pas que l’île ait maintenant à faire face à une urgence éducative qui mettrait en danger l’avenir des enfants rodriguais – celle-ci faisant déjà face à une urgence économique. Elle a présenté et expliqué trois calendriers scolaires, notamment le calendrier normal, qui aurait prévalu si le coronavirus n’était pas apparu; un deuxième calendrier prenant en compte les circonstances autour du coronavirus, et un autre présenté la semaine dernière par le Conseil exécutif. Et d’avancer que le ministère de l’Éducation n’a jamais consulté l’Assemblée régionale avant de décider d’un calendrier scolaire mais que Rodrigues a toujours été en phase avec celui décidé par le ministère sauf cette année.

« Nous avons respecté le nombre de semaines durant lesquelles les élèves doivent aller à l’école, tout en respectant le nombre de semaines durant lesquelles les enseignants doivent travailler. Ce qui équivaut à 37 semaines. Nous avons également travaillé sur un plan de simulation dans les écoles si jamais le coronavirus fait son apparition dans l’île. Nous avons pris en considération tous les grades sans exception, contrairement à ce que disent certaines personnes », dit-elle.

Prenant la parole lors du temps alloué aux questions, Nan Rock Perrine, recteur du Rodrigues College, a évoqué l’état d’esprit des élèves actuellement au sein de son établissement. « Certains jeunes ont eu des réactions au collège ce lundi matin qui n’ont rien à voir avec le calendrier présenté mais plutôt par rapport au temps de préparation qu’ils auront avant de prendre part aux examens du SC et du HSC. J’ai parlé pendant près d’une heure à un élève qui était en larmes, complètement découragé par rapport à cette situation. L’élève a entendu dire qu’il y aura un Coachingà leur intention mais ne sait toujours pas comment cela va se faire et par qui. »

Il poursuit : « Et quand j’écoute la commissaire parler, elle met beaucoup l’accent sur le nombre de semaines de repos. Je ne crois pas que quand nous avons entamé des discussions, la question concernait le nombre de semaines de repos. C’était plutôt de voir comment accompagner chaque enfant depuis Grade 7 jusqu’à Grade 13 d’une manière efficace et adéquate jusqu’à ce qu’il puisse prendre part aux examens. Tous les élèves et tous les enseignants voulaient reprendre l’école le 4 mai. Mais aujourd’hui, les élèves n’arrivent pas à avancer à cause de l’incertitude qui prévaut. On ne peut pas encore venir décider et imposer à la place des élèves et des enseignants sur la manière dont les choses doivent se faire. » Le recteur  souhaite que tout le monde doit être ‘on board’, qu’il s’agisse des autorités, des enseignants, des parents et des élèves. La plupart des intervenants ont abondé dans le même sens, faisant part de leurs inquiétudes face à la situation actuelle.

À l’issue de cette réunion très animée, plusieurs propositions été émises de part et d’autre. Au final, la grande rentrée scolaire en début de chaque année n’aura pas lieu, car la pandémie de COVID-19 a tout bousculé sur son passage. Et pendant que les discussions étaient en cours, le chef commissaire a reçu une communication émanant du bureau du Premier ministre à l’effet que les vols sur Rodrigues resteront suspendus le temps qu’il faudra (until further notice).

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