À SAINTE-URSULE : Une crèche de Noël comme écho au drame d’éviction des squatteurs

Loin de l’image de la crèche de Noël, souvent construite en bois, à laquelle tout un chacun est habitué et qui apaise paroissiens et public en général tout en rappelant que Jésus a pris naissance dans « une étable », la crèche réalisée à l’église Sainte-Ursule, à Centre de Flacq se veut plus terre à terre. Elle fait écho à une réalité du moment, ou plutôt au drame que vivent certains, vivant en tant que squatters, évincés de l’endroit qu’ils ont appelé « home » en pleine période de confinement, durant la crise sanitaire liée à la COVID-19 et qui survivent encore aujourd’hui dans des bivouacs. Le Deputy Prime Minister et ministre de tutelle pourra trouver à en redire. Mais…
Au beau milieu de la frénésie habituelle qui s’empare des uns et des autres durant cette période de fête, la cour de l’église Sainte-Ursule est calme. Pour accéder à l’église, on emprunte la porte latérale de droite, on tombe directement sur la crèche…
Une bicoque construite à partir de tôles pourries pour la plupart et rafistolée par endroits est installée dans l’aile droite. La fenêtre de cet habitat de fortune est grande ouverte. Une ampoule électrique éclaire l’intérieur. De la grande fenêtre, sur le mur de fond, le sourire de l’image de la vache, de « La vache qui rit » est un ravissement… le visiteur s’empresse d’aller voir de plus près…
Sur les vantaux de la fenêtre principale, on peut lire, d’un côté, « Pa kraz mo lakaz » et de l’autre, « Pa met mwa dehor », en majuscule. « Ces paroles de Jésus sont du cœur », dira le père Jacques Piat, de la paroisse Sainte-Ursule, au Mauricien. Sur l’appui, une paire de savates est installée ; sur une corde accrochée devant une des fenêtres latérales, pendent quelques vêtements. D’autres affiches ou objets du quotidien comme un sac de riz basmati rappellent également le droit de chacun à la nourriture et à une bonne santé… Quelques hibiscus ornent les lieux. La sainte famille est là.
Au Mauricien, le prêtre évoque le concept derrière cette crèche, si particulière : « Personne ne peut oublier le drame de ces familles jetées dehors pendant le confinement et qui vivent toujours sous des tentes, des prélarts et des feuilles de tôle et pour qui les autorités n’ont aucun souci et aucune considération. C’est un rappel de l’enfant Jésus qui est venu au monde et qui n’a pas été accueilli dans une auberge mais qui est né dans une étable. Je l’ai identifié à ces personnes qui n’ont pas de considération pour un droit à un logement dans leur pays. Comme pour Jésus, il est arrivé et cela a fait trembler les autorités : Hérode avait voulu le faire supprimer. »
Pourquoi cette allusion à Hérode ? Le père Jacques Piat répond : « Il me semble que cela fait trembler les autorités. On reçoit des visites de la ‘NIU’ qui vient demander pourquoi est-ce que cela a été fait. L’histoire se répète. C’est aussi une manifestation de solidarité avec ses familles les plus démunies qui n’ont pas de maisons. »
Dans l’espace libre au milieu laissé traditionnellement aux personnages représentant la Sainte Vierge, Joseph, l’âne, le bœuf, les moutons et les trois Rois mages – Balthazar, Melchior et Gaspard – pour accueillir l’enfant Jésus le 24 décembre à minuit, se trouve une structure en bois recouverte de paille. Dessus, est allongé le petit Jésus. « Il est là déjà depuis le premier dimanche de l’Avent », affirme père Jacques Piat. Cette présence prématurée de l’enfant Jésus, comme on pourrait le penser, évoque « le droit de chacun d’avoir une maison », a-t-il fait valoir.

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