Taux d’intérêt : la classe moyenne sur la corde raide

Un peu plus d’une semaine après l’annonce en fanfare par le ministre des Finances du paiement d’une compensation de Rs 1 000 “across the board”, les consommateurs, particulièrement ceux de la classe moyenne et du bas de l’échelle, ont reçu une douche froide avec l’annonce par le comité de politique monétaire de la Banque centrale de la hausse du taux d’intérêt directeur par 50 points de base, pour passer à 4,50%.
Certes, le taux d’intérêt est un instrument utilisé par pratiquement toutes les Banques centrales pour dompter la hausse du taux d’inflation. C’est une formule apprise dans tous les livres d’économie. Il est par exemple utilisé par le FED aux Etats-Unis, où le taux d’intérêt a atteint 4,5%, avec la possibilité qu’il atteigne 5% l’année prochaine, alors que le taux d’inflation est le plus haut depuis 40 ans, avec un taux de 9,1% en juin dernier. Une hausse du taux d’intérêt a aussi été observée en Grande-Bretagne, où le taux d’inflation a atteint 10,7%. Les rares pays qui ont refusé d’augmenter leur taux d’intérêt, dont la Turquie, ont vu leur taux d’inflation grimper jusqu’à 80%.
Mais il est bon de noter que ce sont les consommateurs, déjà affectés par un taux d’inflation de plus de 12% par rapport à la même période l’année dernière, qui portent le fardeau de cette politique de stabilisation. Pour un Mauricien de revenus moyens, le changement du taux d’intérêt directeur peut signer une ponction supplémentaire allant jusqu’à Rs 3 000 sur son salaire mensuel comme intérêts à payer sur les emprunts contractés pour la construction et l’amélioration de leur maison, ou pour l’achat d’une voiture de fonction. Ce n’est pas une petite affaire, même si certains dirigeants se réjouissent qu’un couple d’employés bénéficirait d’un montant total mensuel de Rs 4 000 (Rs 1 000 de rémunération supplémentaire et Rs 1 000 de compensation pour chaque employé). On se voit dans l’obligation de “ser sintir », meme en cette période de fêtes de Noël et de Nouvel an, de peur qu’on se retrouve à plat à partir de janvier.
Il est bon toutefois que la Banque centrale se soit tournée vers les banques commerciales pour leur demander d’être plus flexibles avec leurs clients, et en leur demandant de ne pas faire de difficultés pour restructurer les prêts des clients ou les étendre sur une plus longue période. Nous souhaitons qu’elles n’hésiteront pas à jouer le jeu, d’autant que malgré la situation difficile à Maurice et à l’international, les profits des banques commerciales sont restés au beau fixe. La BoM a prévu une Hotline (202-3800) et un e-mail (support@bom.mu). Espérons que les consommateurs de la classe moyenne pourront trouver un moment de répit, en attendant la relance…
Dans un tout autre domaine, le sommet US-Afrique, convié à l’initiative du président américain Joe Biden, a dominé l’actualité internationale cette semaine. L’administration américaine a, pour la première fois depuis huit ans, mis les petits plats dans les grands pour accueillir les chefs d’États et de gouvernement de 49 pays africains, dont Maurice. Tous les grands chefs d’Etat africains, dictateurs compris, ont ainsi été accueillis à bras ouverts à la Maison Blanche.
Sur le plan de la rhétorique, on ne pouvait faire mieux. Joe Biden et son secrétaire d’Etat, Antony J. Blinken, qui est à l’aise aussi bien en français qu’en anglais, s’en sont donnés à coeur de joie. Pour la première fois, un président américain s’est prononcé en faveur d’une représentation africaine permanente, « partout dans les institutions mondiales », dont le Conseil de sécurité de l’Onu et le G20.
Cerise sur gâteau, le président américain a fait son mea culpa concernant l’esclavage : « Nous avons en mémoire les hommes, les femmes et les enfants volés, qui ont été ramenés enchaînés vers nos côtes, subissant une cruauté inimaginable. Cela a été le péché originel de ma nation. » Un portefeuille de USD 55 milliards est prévu pour soutenir les pays du continent.
Il semblerait que Pravind Jugnauth aura été très actif lors des tables rondes. On ne sait cependant à ce stade s’il aura réussi à profiter de la bonne disposition américaine pour parler de la location de Diego Garcia, qui héberge une base militaire américaine. On devrait le savoir très vite.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -