VINGT ANS APRÈS LA CHUTE DE L’URSS: La confiance n’y est toujours pas !

Le jour de Noël de 1991, lors de son ultime discours à la nation en tant que 7e et dernier président de l’URSS, Mikhaïl Gorbachev sonna le glas d’un système de gouvernance qui avait pris naissance plus de 7 décennies plus tôt et annonça, en même temps, la fin de la guerre froide, la course à l’armement et la méfiance entre deux blocs de nations, l’Est et l’Ouest. Aujourd’hui, même si la guerre froide est effectivement chose du passé, et ce grâce au démantèlement unilatéral de l’idéologie politique alternative qui, aux yeux des dirigeants occidentaux, représentait une épée de Damoclès suspendue sur toute la planète, l’on se demande, au-delà des accolades et des sourires affichés lors des rencontres multi et bilatérales, s’il existe une vraie relation de confiance entre Moscou et Washington et les grandes capitales européennes.
Il n’y a pas lieu d’être expert en matière d’armement pour déceler le motif réel derrière l’installation programmée d’un bouclier antimissile américain en Pologne et République Tchèque et ce même si la Maison-Blanche ne cesse de répéter que le dispositif, initié sous l’ère G.W. Bush, est destiné à la protection des pays de l’OTAN des États voyous – l’Iran et la Corée du Nord. Avec l’arrivée de Barack Obama au pouvoir en 2009, beaucoup croyaient le projet bel et bien enterré d’autant que ce dernier avait, lors de la campagne, affirmé sa détermination de faire bouger les lignes vers le bas en ce qu’il s’agit des dépenses militaires. Même si, dans une certaine mesure, cette promesse a été traduite dans les faits – en effet, l’accord prévoyant une réduction de 30% de l’arsenal atomique des États-Unis et de la Russie représente une des réalisations les plus significatives dans le domaine de la démilitarisation depuis la signature du traité START-1 en 1991 –, Washington a, néanmoins, démontré son intransigeance par rapport au bouclier antimissile et a même annoncé, quelques jours de cela, son entrée en opération à l’horizon de 2018-2020. En guise de réponse, le président Medvedev a indiqué le dépoussiérage du dossier concernant le déploiement des missiles à Kaliningrad, enclave russe aux portes de l’UE et la construction d’une base militaire en Khirgizstan pour, sans doute, neutraliser la présence américaine en Georgie.
 Ainsi, 20 ans après le dernier discours de Gorbachev, la course aux armements n’est, visiblement, pas prête à déposer les armes. En effet, selon une analyse de la Fédération des scientifiques américains (FAS), la stratégie nucléaire du Pentagon se fonde sur l’hypothèse de l’existence de six adversaires potentiels : Chine, Iran, Corée du Nord, Russie, Syrie et un groupe de terroristes possédant des armes de destruction massive. Et, l’intérêt de pousser les frontières de l’OTAN de même que celles de l’UE jusqu’aux portes de Moscou n’est certainement pas le fruit d’un hasard.
 Bien que personne n’ose l’avouer ouvertement, le budget militaire constitue la première source d’endettement des États-Unis. D’ailleurs, c’est en 2001, sous la présidence de G.W. Bush que la bulle du secteur informatique qui avait gonflé les recettes fédérales sous Bill Clinton, allait éclater quand la décision fut prise d’envoyer des troupes en Afghanistan à la suite des événements du 11-Septembre. Ensuite, en 2003, le président ordonna l’invasion de l’Irak pour, semble-t-il, compléter le boulot inachevé par son père qui s’était contenté uniquement à libérer le Kuweit en 1991 sans toucher à Saddam Hussein lors de l’opération « Tempête du désert », dont le financement avait pourtant été voté par les Démocrates, y compris le sénateur d’alors, Barack Obama. Les États-Unis ont dépensé environ $ 1500 milliards dans ces deux guerres lors du premier trimestre de 2011, selon un rapport du service de recherches du Congrès (CRS) et ce alors que le pays se trouvait, quelques mois de cela, au bord du défaut de paiement.
 Mais quoi qu’il en soit, personne ne sait aujourd’hui où sont réellement passés les bénéfices de la fin de la guerre froide. En Russie, les réformes économiques brutales et subites ont projeté plus de 50% de la population du mauvais côté de la ligne de pauvreté. Et le pillage des biens de l’État laissés sans aucune forme de contrôle après l’effondrement de l’URSS s’était prolongé sous l’ère Yeltsin presque en toute impunité. Aujourd’hui, d’innombrables milliardaires russes investissent leurs pactoles dans des paradis fiscaux et acquièrent des biens fonciers ou font des affaires juteuses dans des pays en développement, peu soucieux de la provenance de ces fonds mais plus enclins à renflouer leurs caisses et redresser leurs économies par des FDI.
 Deux décennies après avoir précipité la désintégration de son pays et pour lequel, le prix Nobel de la paix lui fut octroyé une année plus tard, Gorbachev s’est manifestement trompé sur toute la ligne. Sa politique de glasnost (transparence) et de perestroïka (restructuration) n’a pu ni instaurer la confiance voulue au sein de la communauté internationale ni améliorer la qualité de vie de la majorité de ses compatriotes. Après le printemps arabe du début de cette année, assisterons-nous à l’hiver russe suite aux législatives controversées et contestées du 4 décembre?

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