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L’Association des entraîneurs de chevaux, qui a pris naissance en août dernier, a, lors d’une rencontre avec les dirigeants du Mauritius Turf Club (MTC), vendredi dernier, fait part d’un certain nombre de griefs suite à la baisse de 10% sur le stakes money annoncée par le MTC. Deux point majeurs ont retenu notre attention : les interrogations, si ce n’est la mise en question des Racing Stewards en fonction et enfin la pression sur le club pour qu’il enlève son procès contre la Gambling Regulatory Authority (GRA) concernant les directives imposées et les prérogatives enlevées au MTC. Il y a aussi le souhait exprimé en privé et aussi publiquement de leur vœu du départ de l’actuel président du Mauritius Turf Club pour amadouer le gouvernement. On ne prêtera pas de procès d’agenda caché de la part de cette association, mais il y a sans aucun doute une inexpérience qui prime pour traiter des affaires si sensibles concernant le monde hippique et la politique. En d’autres temps, ils auraient été envoyés au nettoyage de leurs écuries du crottin de cheval, mais surtout de ces propriétaires bien lotis financièrement, aux activités et mœurs toutefois douteuses. Mais les points avancés méritent débat…

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D’abord, il ne faudrait pas que les entraîneurs confondent leurs fonctions de chef d’écurie à celle de membre du MTC. Qu’ils soient personnellement ou collectivement favorables ou défavorables au président actuel du MTC ou tout autre officiel est un droit inaliénable. Mais s’ils souhaitent leur départ, ils doivent attendre la prochaine assemblée générale du club ou faire convoquer une assemblée extraordinaire à cet effet. Cependant, tout mouvement de ce type en pleine confrontation GRA/MTC ne peut que favoriser et renforcer la volonté d’étranglement de la part de l’instance gouvernementale, surtout avec cette complicité involontaire (?) et inattendue de la communauté des entraîneurs. Ces derniers devraient se souvenir que leurs propres demandes pour une neuvième course n’ont jamais abouti et bien qu’ils aient eu souvent une oreille attentive de la CEO de cet organisme, le retour a été plutôt maigre jusqu’ici. Lorsqu’ils comprendront qu’ils ne sont qu’un moyen de déstabilisation de leur propre club, il sera peut-être trop tard, car le régulateur a un agenda pour un take-over à terme de leur club par l’un des protégés du régime. Il ne nous étonnerait pas que CERTAINS entraîneurs soient ravis de cette perspective, car ils trouveraient leur compte car, comme dit le dicton, « qui se ressemblent s’assemblent ». Only In Mauritius !

Ensuite, en demandant le départ du stipe Julia Keevy pour des questions de réduction de coûts alors qu’elle abat un travail inédit et fort intéressant dans sa tournée des écuries — bien qu’il faille reconnaître ses limites actuelles lors des enquêtes —, en questionnant la performance du Chief Stipe et l’un de ses adjoints, les entraîneurs ont de fait mis les bases pour une vraie crise institutionnelle. Toute action punitive sévère à l’encontre des entraîneurs pourrait désormais être entachée d’une contestation légale pour ‘bias’ de la part des stipes contestés. Soit les entraîneurs confirment officiellement leur confiance dans la stipe room, soit ils doivent démissionner ou, au pire, ce sont les stipes qui doivent se retirer. En tout état de cause, les administrateurs doivent sérieusement prendre cette donne en considération car elle est de nature à influencer négativement la performance des stipes qui sont actuellement dans une position acculée, car contestés par ceux qu’ils doivent juger. Inimaginable que le monde hippique soit arrivé à la situation où les entraîneurs se croient investis du pouvoir de choisir leurs juges. Only in Mauritius !

Enfin, sans doute plus grave encore, c’est la demande des entraîneurs aux administrateurs de retirer le procès contre la GRA, car selon certains d’entre eux, l’organisme qui n’a cessé d’affaiblir le rôle du MTC depuis des lustres, lâchera alors du leste et l’industrie hippique pourra enfin bénéficier de cette fameuse neuvième course. Se sont-ils posé la question pourquoi la GRA insiste pour cela alors que ces directives sont devenues force de loi ? La réponse est simple. La GRA craint un nouveau revers légal — elle en a accumulé au moins cinq ces derniers temps —, ce qui fragiliserait l’autorité de ces directives désuètes. Rappelons que ces directives ont été passées en force par le législatif à travers la loi des finances avec des dispositions qui n’ont aucun rapport avec le projet de loi. Only in Mauritius !

Par ailleurs, la naïveté des entraîneurs de penser que le seul retrait du procès changerait le monstre en ange est édifiante. Ceux qui pensent que la GRA du couple infernal de la Newton Tower, Dabbidin-Bheekary, et leur exécutrice en chef Mme Ringadoo, va jouer au Père Noël, se trompent lourdement. S’il en fallait une preuve, la lettre datée du 19 septembre dernier adressée au trois ex off-course bookmakers qui avaient fait une demande pour exercer on-course. Le permis ne leur a pas été octroyé sur la base de la section 44(2) de 2OO7, de la GRA ACT relevant de l’ex-gouvernement Ramgoolam qui préconise « un total ban on issue of a new gaming and betting licence », parce que la politique du gouvernement de Jugnauth fils est aussi de ne plus octroyer de nouvelles licences pour les paris.

Ainsi, passer de l’off-course betting, contraint et forcé par la GRA, à l’on-course betting n’est pas possible selon la même GRA. Juge d’un côté et partie de l’autre ? N’y a-t-il dans ce refus de licence tout ce qui ressemble à une malhonnêteté intellectuelle ou un abus de pouvoir et d’autorité ? Dans toutes les configurations, la mauvaise foi de la GRA éclate au grand jour dans cette affaire. Ces trois bookmakers ont été éconduits comme des malpropres, sans pitié, alors que l’État leur arrache le pain de la bouche. Revancharde en plus, puisque la GRA avait été condamnée à deux reprises par ces mêmes bookmakers de vouloir stopper l’off-course betting avant que le gouvernement ne vienne légiférer sur la question. Only in Mauritius !

Et c’est avec ces gens-là que les entraîneurs veulent construire leur avenir ? Crédulité, imbécillité ou complicité ? À eux de choisir, d’autant que cette loi de ne plus donner de nouveaux permis avait déjà été transgressée avec l’octroi des permis pour les LPM de la Galaxie de l’incontournable Lee Shim, qui s’apprête à voir la GRA lui procurer de nouvelles licences pour de nouvelles machines à sous dans les semaines qui suivent. Un projet qui connaît bien des détracteurs pour ses effets nocifs sur la jeunesse dans la proximité de leur lieu de vie. Les machines à sous ne peuvent traîner dans tous les coins de rue du pays, elles sont faites pour être dans les casinos. Un point, c’est tout !

Terminons en rappelant que les entraîneurs sont un maillon indispensable de la chaîne hippique et qu’ils doivent à ce titre avoir un comportement exemplaire. C’est bien d’avoir créé une association, il faut maintenait la doter d’objectifs clairs et surtout d’un code d’éthique, car tout corps de métier qui se respecte doit avoir un cahier des charges de son bon fonctionnement et des principes de vie professionnelle. Il faudrait au moins pour plus de respectabilité définir dans la transparence leurs relations avec le betting. Il leur faudrait aussi être plus clairvoyants dans le choix de leurs propriétaires et leur donner la priorité de l’information sur leurs chevaux respectifs. Ils se doivent d’en déterminer les vrais de ceux qui sont des bandits, trafiquants ou autres. Pour ce qui est de leurs jockeys, ils se doivent de les payer et récompenser eux-mêmes et non les laisser à la merci de punters ou de voyous en tous genres. Enfin, entre confrères, et adversaires de la piste, il faut des relations cordiales et une adversité saine dépourvue de pensée communautaire ou économique.

Il est temps de rendre au métier d’entraîneur ses lettres de noblesse et, à ce titre, le MTC doit revoir ses prérogatives pour les responsabiliser davantage pour tout ce qui concerne la gestion de leurs écuries. Mais aussi et surtout pour tout ce qui concerne les travers à l’écurie et sur la piste. Il faut donner à l’entraîneur un statut d’entrepreneur et arrêter de le traiter comme un assisté. Pour cela, il faut repenser l’hippisme mauricien de fond en comble, revoir l’organigramme de fonctionnement et arrêter de voir petit.

Hong Kong, Singapour et la Corée du Sud ont montré la voie, il faut la suivre. Mais surtout, il faut arrêter de penser que le salut viendra de la GRA ou de la politique. Les courses, c’est l’affaire du peuple.

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