Le massacre continue à Gaza…

Depuis la mi-octobre, l’armée israélienne bombarde intensivement la bande de Gaza, cette enclave de 41 kilomètres par 12 où étaient parqués plus de deux millions de Palestiniens. Ce qui faisait de cette bande de terre encerclée sur un côté par l’Égypte et les autres par la mer et Israël un des endroits à plus haute densité humaine de la planète et la plus grande prison à ciel ouvert du monde, puisque ses habitants n’étaient pas autorisés à en sortir. Il y eut, le 7 octobre, l’attaque du Hamas, qui n’avait rien à envier dans l’horreur aux pires attentats terroristes de ces dernières années. Une attaque qui démontra que le pot de terre qu’était le Hamas pouvait surprendre et causer des dommages au pot de fer qu’Israël avait la réputation d’être avec une armée considéré comme l’une des meilleures au monde, dans toutes les catégories. Depuis, l’armée israélienne s’est lancée dans une massive opération de vengeance pour essayer de faire oublier cette humiliation. Une opération militaire qui n’a rien à envier, en termes d’horreur, à ce que faisait l’armée du syrien Bashar Al Assad contre ses propres populations. L’armée israélienne s’est fixé comme objectif la destruction totale de ce qui reste de la bande de Gaza.

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Depuis le début du massacre israélien, que les porte-parole de son armée qualifient pudiquement d’offensive, des milliers de civils ont péri sous les bombes et sous les balles israéliennes et d’autres centaines ont été blessées. Des blessés qui ne peuvent être soignés puisque les hôpitaux ne sont plus alimentés en médicaments, en électricité pour faire fonctionner les équipements et même en eau potable, en raison du blocus imposé par l’armée israélienne. Une situation qui n’est pas sans rappeler ce que les nazis ont fait subir aux juifs du ghetto de Varsovie pendant la Seconde Guerre mondiale.

Dans un premier temps, les capitales occidentales ont affiché clairement leur préférence. Leurs représentants ont défilé à Tel Aviv, se sont fait photographier aux côtés de Benjamin Netanyahu, le Premier ministre israélien, et décrété qu’Israël avait tout à fait le droit de se venger en se livrant à la chasse aux membres du Hamas dans le réseau souterrain de Gaza. Des pays arabes, qui venaient tout juste d’établir des liens diplomatiques et économiques avec Israël, affichèrent profil bas. Mais une fois l’horreur de l’attaque du 7 octobre dissipée et les conditions de survie à Gaza — ainsi que les travers de la politique de colonisation israélienne — révélée, les rues des capitales arabes, américaines et européennes se sont remplies de foules refusant les positions complaisantes de leurs gouvernements vis-à-vis d’Israël. Déjà, avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie, beaucoup de pays du Sud avaient refusé de se laisser embrigader dans le cortège américano-européen qui faisait de la défense de l’Ukraine l’expression du combat du bien contre le mal. Des foules, et même des porte-parole officiels de certains pays du Sud, ont surpris l’Occident en disant que la guerre contre la Russie, à travers la défense de l’Ukraine, n’était pas la leur, et qu’ils n’allaient pas, comme ce fut le cas tellement de fois dans le passé, s’aligner sur la position qu’on leur demandait de prendre. Le monde d’hier dans lequel les États-Unis s’étaient attribué le rôle de leader et de gendarme, soutenu par une grosse partie de l’Europe, venait de commencer à vaciller sur ses bases. La suprématie du Nord sur le Sud était remise en question ainsi que les institutions internationales qui l’avaient imposée. Ce qui est en train de se passer à Gaza a agrandi le fossé entre les pays qui ont toujours dominé le monde et décidé de son développement et le reste de la planète, qu’on avait réduit en quart ou en tiers monde. Ce qui est réconfortant, c’est que cette remise en cause de l’Occident dirigeant le monde ne vient pas seulement des rues des pays arabes, plus géographiquement et historiquement concernés par le problème palestinien, mais rassemble des hommes et des femmes qui, dans tous les pays du monde, pensent et disent qu’il est grand temps de remettre en question l’ordre établi.

Pendant que ce monde nouveau, qui suscite tant d’espérances, est en train de prendre forme, l’ancien continue à fonctionner comme avant. À la veille de Noël, les États-Unis ont, une fois de plus, opposé leur veto à une résolution des membres des Nations Unies exigeant un cessez-le-feu immédiat à Gaza. Les États-Unis ont, par contre, soutenu une autre résolution réclamant des pauses humanitaires dans cette même zone. Quelle est la logique qui consiste à voter pour des pauses humanitaires en s’opposant à un cessez-le-feu total ? Est-ce parce ce que ce sont les usines de l’industrie guerrière américaine qui fournissent à l’armée israélienne les armes et munitions pour bombarder la bande de Gaza jusqu’à sa destruction totale, comme l’à répété le Premier ministre israélien ? Si ce fait était avéré, cela indiquerait que pour les États-Unis, grands donneurs de leçons de démocratie, la logique économique l’emporte de loin sur le respect des considérations humanitaires. Et pendant ce temps, le massacre continue à Gaza…

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