En prélude à la saison 2022 : Le MTC expulsé sans préavis du Champ-de-Mars

– Annulation par la municipalité de Port-Louis de la « Concession de Privilège » octroyée en 2008 pour aider la GRA à éliminer le MTC comme organisateur de courses

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– La missive de la municipalité remise à 18h10, soit moins de trois heures après la décision de la GRA à l’effet qu’elle ne compte rien changer aux conditions de la licence

– Action concertée GRA/MPL exécutée avant toute réaction des MTC/MTCSL à l’ultimatum de la GRA

– Les filiales de JMLS se présentent comme Hot Favorite pour l’obtention de la licence d’organisateur des courses

– Le président du MTC promet une résistance à toute épreuve à ce nouveau coup d’État de la GRA

L’image de Maurice démocratique et paisible prend un sale coup dans l’opinion publique locale et internationale.  Après les émeutes de la semaine dernière dans le sillage de la perte du pouvoir… d’achat, l’épisode du Slovaque expulsé du pays malgré un ordre de la Cour rendant suspensive la décision de la police et du Prime Minister’s Office (PMO), la municipalité de Port-Louis, sous le contrôle du MSM, s’invite au litige opposant la Gambling Regulatory Authority (GRA) et le Mauritius Turf Club (MTC). En fin de journée d’hier, soit à 18 h 10, cette collectivité locale a décidé unilatéralement et sans aucun préavis de procéder à la Termination of Concession de Privilège Agreement pour le bail du Champ-de-Mars en juillet 2008 pour une période de 20 ans. Cette action, s’apparentant à un autre épisode de Daylight Robbery, concerne uniquement le terrain où se trouvent les pistes du Champ-de-Mars mais ne concerne ni les loges, ni les paddocks, ni les écuries…

Cette action inattendue à ce stade du litige entre le MTC et la GRA est perçue comme un complot ourdi par la GRA et la municipalité de Port-Louis pour éliminer rapidement la MTCSL comme candidate à l’organisation des courses en 2022, un métier que son actionnaire a pratiqué avec brio et professionnalisme, reconnu mondialement, pendant plus de 200 ans.

Informé par les autorités

Ce courrier de la Municipality City Council of Port Louis signé de son Chief Executive V. Seeparsad rappelle au MTC que le Champ-de-Mars, un State Land, est loué exclusivement pour l’organisation de réunions de courses hippiques comme le MTC l’a toujours fait dans le passé.

La municipalité de Port- Louis affirme avoir été informé par les autorités compétentes— la GRA, sans doute—, que le MTC n’est actuellement pas titulaire d’une licence d’organisateur de courses délivrée par la GRA.  La municipalité explique aussi que le MTC a sous-loué ces facilités à sa compagnie subsidiaire qu’elle possède seule à 100%, la MTCSL, pour l’organisation des courses hippiques au Champ-de-Mars en 2021.

Le conseil municipal de Port-Louis rappelle que la première journée hippique était prévue le 23 avril 2022 et que la MTCSL a refusé d’accepter la licence d’organisateur des courses proposée par la GRA. Ainsi, selon le conseil municipal, la MTCSL n’est pas en position légale d’organiser toute journée hippique au Champ-de-Mars, puisqu’elle n’a pas obtenu la licence de la GRA.

Privés de revenus

La municipalité de Port-Louis estime qu’en l’absence de la saison hippique, elle ne percevra aucun revenu des organisateurs sous la « concession de privilège », et que l’État sera privé de revenus substantiels sous forme de Betting Tax. Il en sera de même pour tous ceux qui possèdent de licences dans le domaine hippique comme les bookmakers, les opérateurs de Tote, et les organisateurs de loteries et tous ceux, dont les activités dépendent de la tenue des courses hippiques.

Finalement, pour toutes ces raisons et tenant compte de l’urgence de la situation, le conseil municipal de Port-Louis, sur instruction du ministère des Administrations locales, a informé le MTC qu’elle a mis un terme avec effet immédiat de la « Concession de privilège » sur tout le Champ-de-Mars et qu’elle reprend à cet effet tous ses droits et devoirs sur ce lieu historique de Port-Louis.

Cette éjection brutale sans concertation préalable du MTC/MTCSL de l’organisation des courses à Maurice jette la consternation dans le pays d’autant qu’il est considéré que la municipalité est allée vite en besogne et a fait preuve de partialité dans le litige opposant la GRA et le MTC qui est loin d’être terminé. D’aucuns avancent que la précipitation de la municipalité – qui a délivré son courrier hier après-midi à 18h10 à travers un huissier alors que la GRA avait envoyé sa lettre à 15h25, soit un peu moins de trois heures auparavant – paraît suspecte.

Connivence et concertation

Et cela sans que les MTC/MTSCL se soient prononcés sur l’affirmation de la GRA que les conditions associées à la licence n’étaient pas négociables alors qu’en début de semaine les conseils légaux de la GRA et du MTC avaient évoqué la possibilité que le contrat pouvait être signé sans les deux clauses litigieuses. Ce dernier aspect devrait être tranché par la Cour.  Ce dénouement bien orchestré dans le temps démontre une connivence de la part de la municipalité de Port-Louis avec le pouvoir politique, agissant sans aucun doute de concert avec la GRA.

Le MTC a déjà fait savoir qu’il ne compte pas rester les bras croisés et que la résiliation de son contrat avec la Municipalité de Port-Louis sera contestée par une action en Cour. Dans une déclaration à la presse, le président du MTC, Jean-Michel Giraud, affirme toute sa détermination à se battre jusqu’au bout malgré les innombrables attaques dont le MTC et lui-même ont fait l’objet.

Malgré ce développement de taille, rien ne dit que la piste du Champ-de-Mars sera disponible de sitôt car tous les équipements qui s’y trouvent appartiennent au MTC. La municipalité devra techniquement attendre le jugement dans les faits. Il faudra par ailleurs que d’autres prétendants se présentent à la GRA/HRD pour faire acte de candidature en vue d’obtenir une licence.

Alors que la bataille du Champ-de-Mars est enclenchée avec comme candidat sans expérience et sans finances, le Peoples Turf PLC, dont les promoteurs annoncés sont proches de Jean-Michel Lee Shim, ce dernier continue ses travaux à Petit-Gamin pour finir sa piste de course et… des gradins, dit-on. Toujours sans EIA dans un lieu entouré de deux rivières et trois établissements hôteliers haut de gamme.

CHAMP-DE-MARS SAGA

Les étapes du conflit GRA/MTCSL

pour l’ouverture de la saison 2022

Vendredi 15 avril

Wayne Wood reçoit les journalistes au Hennessy Park Hotel pour présenter l’équipe de la HRD. Il annonce en primeur que la MTCSL a eu sa licence d’opération pour la saison 2022.

Deux heures plus tard, la GRA écrit à la MTCSL pour lui faire savoir qu’elle lui a octroyé une licence d’organisatrice des courses sous la section 30 de la GRA Act pour la saison 2022.

La HRD écrit au Chief Executive Officer par intérim de la MTCSL, Jérôme Pilot, pour lui demander de mettre à sa disposition toute une série de facilités et d’équipements le jour des courses.

Lundi 18 avril

La HRD émet les Fixtures de la journée inaugurale avec comme course principale The Noble Salute Cup, un Group 3 sur 990 mètres.

La GRA, par le biais de ses sources habituelles, fait circuler l’information à l’effet que la MTCSL n’a pas encore soumis son nouveau Shareholder Agreement et n’a pas encore payé pour l’obtention de sa licence.

Mardi 19 avril

La HRD rend publiques les entrées de la première journée.

La MTCSL a fait parvenir un chèque de Rs 1 million pour l’obtention de sa licence, mais à sa grande stupéfaction, la GRA refuse son paiement, arguant que cette somme doit être réglée en quatre tranches égales de Rs 250 000. Jugeant que ce refus lui cause préjudice, la MTCSL lui fait servir une mise en demeure qui est réceptionnée par le Chief Executive Officer, Arunasalon Punnoosawmy.

Plus tard, la GRA fait parvenir une correspondance toujours signée par Arunasalom Punnoosawmy à la MTCSL, disant qu’elle n’a pas accepté le chèque d’un million tout simplement parce qu’elle sait que la MTCSL a de gros problèmes de Cash Flow.

Par ailleurs, la GRA spécifie que ce paiement doit être effectué personnellement par un des directeurs de la MTCSL, possédant sa PML et qu’il doit signer le contrat qui comprend une série de conditions.

La MTCSL fait comprendre qu’aucun contrat ne sera signé tant que le Board des directeurs ne prendra pas connaissance de tous les tenants et aboutissants des conditions énumérées dans ce contrat.

Mercredi 20 avril

La MTCSL loge une plainte à l’État et à la GRA, leur réclamant plus de Rs 7 milliards pour expropriation de ses biens intellectuels. Cette affaire sera appelée le 12 mai prochain.

Après avoir accordé une licence d’un an jusqu’en décembre 2022 à la MTCSL, la GRA découvre subitement qu’en mars dernier, l’ancien CEO, Jérôme Tuckmansing, avait fait une application pour une licence trimestrielle. Ainsi, la GRA dit que si la MTCSL veut une licence pour une année, elle doit soumettre une nouvelle application pour une année ou une application pour les trois autres trimestres.

Pas question de faire une nouvelle application, mais la MTCSL sur les conseils de ses hommes de loi, est disposée à renouveler son application. Il semblerait que cela peut avoir des incidences sur le plan légal. La GRA s’est prononcée contre cette requête. Par ailleurs, la MTCSL exige d’avoir les conditions d’abord avant de signer le contrat.

La MTCSL écrit à la GRA pour lui réclamer une Retainer Fee de Rs 1 million, en attendant l’estimation de ses experts pour les facilités et équipements, devant être mis à la disposition de la HRD le jour des courses.

Jeudi 21 avril

Après que les entraîneurs ont effectué les retraits, la HRD procède au tirage des lignes de la façon la plus archaïque qui soit.

La HRD repousse avec force la demande de Rs 1 M pour les facilités qui seront mises à sa disposition par la MTCSL. Elle ajoute que cette demande est en contradiction avec la loi.

Parallèlement, le MTCSL multiplie ses démarches avec la GRA et négocie avec son homme de loi pour que les conditions lui soient remises avec toute signature. Finalement, la GRA accepte que la MTCSL lui soumette un Renewal de son application.

Vendredi 22 avril

Les entraîneurs rencontrent tour à tour le MTC, la MTCSL et la HRD et menacent de mettre Off Feed les chevaux car le fait que la MTCSL n’a pas encore sa licence, ils sont dans l’incertitude la plus totale.

Les MTC/MTCSL reçoivent les journalistes et alors que Jean-Michel Giraud expliquait la situation, la conférence de presse a été interrompue car la MTCSL avait enfin reçu les conditions liées à sa licence. À peine cinq minutes après, Jean-Michel Giraud devait dire que les MTC/MTCSL rejetaient d’emblée deux des 25 conditions et de ce fait, la MTCSL n’aura pas sa licence et donc, il n’y aura pas de courses, samedi.

La MTCSL émet un communiqué pour déplorer la tournure des événements et ajoute qu’elle compte solliciter une rencontre avec le Premier ministre, Pravind Jugnauth, et le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, pour essayer de décanter la situation.

La HRD réagit et émet à son tour un communiqué pour essayer de se justifier.

L’Association des Entraîneurs émet à son tour un communiqué pour expliquer sa position et exprime son entière solidarité avec les propriétaires sans qui, dit-elle, il n’y a pas de courses.

La GRA s’invite à la MBC et son patron Dev Beekharry convie la MTCSL au dialogue et se dit disposé à travailler toute la journée de samedi pour que la première journée puisse avoir lieu dimanche. Toutefois, il brosse un tableau sombre du MTC et de sa filiale, la MTCSL.

La MTCSL continue à multiplier ses démarches et ses hommes de loi rencontrent celui de la GRA. Les discussions sont franches et cordiales. La proposition de la MTCSL est simple : laissons de côté les deux conditions litigieuses et laissons la justice effectuer son travail. En attendant, la MTCSL signe le contrat afin que la saison puisse démarrer. L’homme de loi de la GRA promet d’en parler à son Board.

Dimanche 24 avril

La GRA décide de réunir des entraineurs lundi à la Newton Tower, mais ne lance aucune invitation officielle. Ces entraîneurs sont contactés individuellement par Wayne Wood, Jean Hughes Olivier et Palesh Ubeeram. Ceux invités sont : Yannick Perdrau (assistant-entraîneur), Simon Jones, Raj Ramdin, Amar Sewdyal, Shirish Narang, Praveen Nagadoo, Subiraj Gujadhur (assistant-entraîneur) et Vishal Ramanah.

Preetam Daby et Shyam Hurchand ont aussi été contactés, mais ils ne répondront pas présents. La tactique de la GRA est de ‘divide and rule’ pour fragiliser la communauté des entraîneurs.

Lundi 25 avril

La réunion des entraîneurs, proches de Jean-Michel Lee Shim, se tient selon ce qui a été prévu et Dev Beekharry encore une fois tire à boulets rouges sur la MTCSL. Il égratigne également le président de l’Association des Entraîneurs, Patrick Merven, qu’il accuse de n’avoir pas rempli son rôle en toute impartialité et d’avoir caché des informations. Ricky Maingard dénonce la façon de faire de la GRA qui n’a pas jugé bon d’inviter l’Association des Entraîneurs.

La MTCSL attend en vain la réponse de l’homme de loi de la GRA, Me Auchaybur.

Mardi 26 avril

La MTCSL cherche à rencontrer le CEO de la GRA, Arunasalom Punnoosawmy, mais en vain.

La MTCSL écrit alors à la GRA pour lui dire qu’elle a mandaté son directeur et Legal Advisor, Mes Hush Woomchurn et Clarel Benoit pour entamer des discussions avec la GRA afin que la saison 2022 puisse commencer dans les meilleurs délais.

Mercredi 27 avril

À 15h25, la MTCSL reçoit la lettre de la GRA, toujours signée par Arunasalom Punnoosawmy pour dire que les conditions liées à la licence ne sont pas négociables.

À 18h10, un huissier de la Cour se présente au MTC avec une lettre émanant de la municipalité de Port-Louis qui sur ordre de son ministère de tutelle a décidé de mettre fin au contrat de gestion exclusif du MTC sur le Champ-de-Mars et ce, avec effet immédiat. Ce contrat a été renouvelé en 2008 et expire en 2028.

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