Jean Daniel Wong, directeur du Collectif Arc-En-Ciel : “L’inclusion ne pourra se faire qu’à travers nous-mêmes”

Jean-Daniel Wong, activiste pour les droits humains depuis plus d’une dizaine d’années, reconnu pour son engagement dans le milieu associatif, est depuis fin janvier le nouveau directeur du Collectif Arc-en-Ciel (CAEC).

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Dans le cadre de la Journée mondiale contre l’homophobie, l’ancien membre du personnel navigant d’Air Mauritius nous parle des nouvelles stratégies du CAEC pour avancer vers un changement positif, en ce qui concerne le combat vers l’égalité des droits et le respect des personnes de la communauté LGBTQIA++ (Lesbienne, Gay, Bi, Trans, Queer, Intersexe, Asexuel). Sans oublier les projets lancés prochainement, entre autres, l’inauguration d’un centre de documentation et un premier café dédié aux personnes de la communauté.

Vous êtes à la direction du CAEC depuis fin janvier. Vous nous avez parlé d’un vent de changement qui incitera la communauté LGBTQIA++ à franchir un nouveau pas et avancer vers un changement positif. Pouvez-vous nous en dire plus ?

En plus du CAEC, nous sommes aujourd’hui à quatre associations sur l’espace public à militer  pour les droits LGBTQIA++, notamment VISA-G, Young Queer Alliance et RekonekT. Chacun des membres de la communauté peut se retrouver à travers elles et venir soutenir leurs actions. Je dis que l’union fait la force, ce n’est qu’ensemble que nous serons en mesure d’influencer les décisions politiques pour qu’il y ait des lois pour nous protéger, nous inclure et influencer le monde du travail.

Au-delà des lois, nous avons aussi un travail de plaidoyer  à faire. Nous avons tous un vécu et nous encourageons la communauté à se mettre en avant car l’inclusion ne pourra se faire qu’à travers nous-mêmes. Pour cela, il faut être vu. Nous devons tous contribuer au changement qui nous concerne, car l’union fait la force. Le plan stratégique du CAEC 2019-2022, étendu jusqu’en 2024 suivants la pandémie de la covid 19, avait été préparé en consultation avec la communauté. Cependant, le contexte local a énormément freiné les personnes de la communauté LGBTQIA++ à se rendre plus visible. En 2022, nous avons amplement de quoi faire bouger les choses de façon plus positives.

À l’heure actuelle, quelles sont les priorités pour le CAEC ?

Entre autres priorités, il faut surtout rétablir la communication et fédérer cette communauté qui est très diverse comme le disent les lettres, engager les personnes à soutenir et contribuer aux actions que nous menons pour eux.

En terme de projets, nous allons procéder le 28 juin au lancement d’un centre de ressources LGBTQIA++. Financé par le Global Equality Fund du gouvernement américain, cet espace aménagé au siège du collectif a été baptisé Stonewall Riot Resource Centre pour commémorer les émeutes de Stonewall qui ont eu lieu dans la nuit du 28 juin 1969. Un centre de documentation visant à encourager les recherches d’étudiants au niveau secondaire et tertiaire. Un autre projet phare est un premier café dédié aux LGBTQIA++ qui verra le jour d’ici fin juillet pour offrir un lieu de rencontre sûr à nos membres. Deux espaces qui accueilleront également des groupes de paroles après les heures.

Quelle est la situation concernant les droits de la communauté LGBTQIA++ à Maurice ?

L’Equal Opportunity Act 2008 interdit et sanctionne la discrimination sur la base de l’orientation sexuelle. Dans ses paramètres, le Worker’s Right Act protège également contre les discriminations basées sur l’orientation sexuelle sur le lieu de travail. Au-delà de ces deux lois, aucune autre n’est en faveur des droits de la communauté LGBTQIA++. Nous en sommes donc à un statu quo.

Considérant que l’homosexualité n’est pas pénalisé à Maurice, force est de constater que les personnes avec le sigle LGB (Lesbienne, Gay, Bi) passent mieux que la communauté trans. En effet, aucune loi ne prend en considération cette minorité. Le CAEC attend avec impatience d’être invité dans les réunions consultatives au ministère de l’Egalité des genres et du bien-être de la famille par rapport au Gender Equality Bill afin de demander l’inclusion des personnes trans.

Est-ce que nous allons au moins dans la bonne direction concernant les discriminations des personnes LGBTQIA++?

Par rapport aux paramètres mis en place à travers l’Equal Opportunity Act et le Workers Right Act, et tout en espérant que nos recommandations pour le Gender Equality Bill soit retenues. Je dirai que ce n’est qu’à partir de là que nous pourrons parler de progrès en ce qui concerne la lutte contre les discriminations envers la communauté.

Aussi, on peut s’inspirer des Seychelles, où la pratique sexuelle reliée à la communauté homosexuelle et bisexuelle, notamment la sodomie, y a été dépénalisé. À Maurice, une action est en cours pour contester la constitutionnalité de l’article 250 qui criminalise la sodomie.

Un message pour la fin qui résume votre optimisme en ce qui concerne le combat vers l’égalité des droits et le respect des personnes de la communauté LGBTQIA++.

Our body, our life and our rights. C’est ensemble que nous allons pouvoir avancer et continuer d’exister. Nous ne demandons pas de nous faire de la place, car nous avons notre place. We are born equal in rights et c’est ensemble, dans notre diversité, que nous devons militer vers plus d’inclusion et l’égalité des droits dans cette société. Notre plus grande ressource, c’est surtout l’unité dans la diversité.

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