La Haye, enfin, nous voilà !

La nécessité que la Cour Internationale de Justice (de La Haye au Pays-Bas) ait un jour à trancher le contentieux de souveraineté sur les Chagos opposant la République de Maurice à la Grande-Bretagne a été longtemps évoquée ici et ailleurs. Particulièrement depuis 1982, quand l’alliance MMM-Parti Socialiste Mauricien (MMM-PSM) s’installant au pouvoir après les premières élections 60-0, le gouvernement mené par Anerood Jugnauth (pas encore sir à l’époque)  fit réinscrire l’archipel dans la définition du territoire national de Maurice, contestant ainsi de manière officielle son détachement par Londres trois ans avant l’accession de notre pays à l’indépendance.

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Une des toutes premières études juridiques qui avait recommandé d’aller à La Haye remonte à 1984 et avait été l’oeuvre d’un jeune universitaire américain du nom de Timothy Lynch. Dans son travail, intitulé Diego Garcia : Competing Claims to a Strategic Isle destiné à la California Western School of Law, Lynch avait conclu que la Grande-Bretagne « aurait tout intérêt à accepter une juridiction de la Cour internationale de Justice sur le statut légal de l’archipel des Chagos tant, eu égard au droit des peuples à l’autodétermination et aux principes du droit coutumier international, la Grande-Bretagne est en possession légitime de l’archipel. »

Le gouvernement mauricien, qui avait pourtant en sa possession le travail de Lynch, avait toujours hésité et la Grande-Bretagne, fermement soutenue par son allié les États-Unis, qui veut à tout prix conserver la base de Diego Garcia, proféra des menaces de représailles quand elle n’affichait pas un mépris total des revendications de Maurice. Mais grâce à la majorité des membres de l’Organisation des Nations unies, les choses ont évolué et demain devant les juges de l’ICJ, les deux pays « belligérants » vont devoir s’expliquer. L’aspect très intéressant pour Maurice, toutefois, est qu’elle dispose maintenant de solides arguments depuis la déclassification, en 1995, des documents secrets des archives coloniales britanniques que l’universitaire américain, lui, ne pouvait détenir.

Week-End a également beaucoup recherché dans le dossier à travers sa série d’articles Diego Files publiés dès 1997. En référence au travail de Timothy Lynch, nous essaierons de relever, de manière non-exhaustive, les faiblesses dans la défense du gouvernement britannique.

On peut dire, La Haye, enfin, nous voilà !

Henri Marimootoo

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